La Fondation H Paris accueille jusqu’au 17 mai 2017 l’exposition "La nuit porte la lumière" du photographe et photojournaliste Rijasolo. Les dispositifs scénographiques de l’exposition soulignent et accompagnent l’idée de transition, le passage d’un univers à l’autre.
Lauréat du Prix Paritana en 2019, Rijasolo propose une exploration de la perception visuelle à travers une série d’images marquées par le flou, le hasard et l’introspection. L’exposition s’inscrit dans le programme Mizaha Paris, qui met en lumière des artistes du continent africain et de sa diaspora. En outre, quelques mots d’Élie Ramanankavana résonnent, s’accrochent au regard et font écho aux images de l’artiste photographe présentes dans cette exposition, dont la saisie trouble l’entendement et chante le mystère.
Le jeu subtil entre ombre et lumière, décrit par le jeune poète malgache, semble évoquer la démarche subjective de Rijasolo, invitant les spectateurs à plonger dans un univers aux frontières du reconnaissable. L’équilibre délicat et fragile entre ce qui est montré, dévoilé par l’image, et ce qui demeure obscur et imperceptible forme le noyau de l’exposition La nuit porte la lumière / Ny alina noho mitondra ny hazavana. Entremêlant représentations intimes et clichés inédits issus de reportages réalisés à Madagascar pendant plus de dix ans, cette exposition présente une constellation de moments furtifs célébrant l’imaginaire et la beauté de l’incertitude.
La nuit porte la lumière superpose deux milieux et atmosphères distincts qui se répondent, chacun à travers un langage photographique propre. Au rez-de-chaussée sont présentées des scènes d’intérieurs. Des espaces domestiques intimes – chambres et salons – semblent plongés dans une ambiance doucement silencieuse. Les résidents de ces espaces lisent, somnolent ou ont simplement quitté les lieux. Ces images tranquilles, presque méditatives, évoquent une pause, un instant suspendu en dehors de l’agitation quotidienne. Les murs, les plafonds et les draps, teintés de beige et de vert, offrent à ces intérieurs et aux objets qui les composent l’apparence de natures mortes monochromatiques.
La vue de ces intérieurs, choisie par Rijasolo, est frontale, offrant une attention particulière aux détails tout en préservant, toujours, une certaine distance vis-à-vis des sujets. La lumière, douce et filtrée, semble caresser les objets et se perdre dans les interstices et les angles morts des images, les pliures des drapés et les fissures des murs. Éthérée et fantomatique, cette lumière invite le spectateur à contempler des espaces situés entre les instants : l’attente de la nuit et la fin du jour, la tranquillité d’un monde endormi.
Le parcours de Rijasolo est marqué par une recherche constante de nouveaux langages visuels et de nouvelles façons de se connecter et d’interpréter le milieu qui l’entoure. Né en France, sa relation avec Madagascar est nourrie d’une ambivalence constante entre proximité et distance, familier et inconnu. Son travail débute avec la série Miverina, une exploration et traduction visuelle de la difficulté de renouer avec ce lieu dont ses parents sont originaires. Ses reportages photographiques sont notamment publiés dans Le Monde, Paris Match et l’Agence France-Presse, culminant en la réception du WorldPress Photo Award en 2022. En parallèle à cette démarche journalistique, le travail personnel de Rijasolo s’est tourné vers une démarche introspective et poétique.