L'avenir économique de Madagascar repose aujourd’hui sur un levier central : les Investissements Directs Étrangers (IDE). Dans un contexte mondial marqué par une compétition accrue pour attirer les capitaux, la Grande Ile est appelée à renforcer significativement son attractivité afin de stimuler sa croissance et de diversifier son économie.
Selon le dernier rapport de l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), les flux d’IDE ont progressé de 16% entre 2023 et 2024, passant de 519 millions à 602 millions de dollars américains. Cette hausse peut être traduite par un regain de confiance des investisseurs internationaux. Les secteurs les plus attractifs demeurent le tourisme, les télécommunications, l’industrie extractive et l’énergie, autant de piliers qui soutiennent une croissance économique estimée à 4,4%. Mais si ces résultats sont encourageants, ils rappellent également que le pays est encore loin des objectifs fixés. A remarquer également que ce montant ne représente que 0,5% des IDE enregistrés par l'Afrique en 2024.
Toujours à titre de comparaison, l'île Maurice a capté plus de 700 millions d'IDE en 2024. Selon les observateurs, les statistiques de ces dernières années justifient la nécessité de garantir un environnement stable et prévisible. Les investisseurs, qui engagent des capitaux considérables sur des périodes de 20 à 40 ans, exigent avant tout des garanties sur le plan juridique et fiscal. L’expérience passée demeure un avertissement : en 2010, la crise politique a entraîné une chute brutale des IDE, passés de 1,066 milliard USD en 2009 à 808 millions USD. Les grands projets structurants, à l’image d’Ambatovy ou de QIT Madagascar Minerals (QMM), ne peuvent prospérer sans un climat favorable et des institutions solides.
L’exemple du Rwanda illustre parfaitement cette équation. En créant un cadre législatif attractif et une gouvernance jugée stable, Kigali a réussi à transformer son économie. De quasi inexistants au début des années 2000, les flux d’IDE ont atteint plus de 2,6 milliards USD en 2019, permettant au pays d’enregistrer une croissance soutenue depuis deux décennies. Ce modèle inspire nombre de pays africains, dont Madagascar, en quête d’une trajectoire similaire. L’importance des IDE pour la Grande Île se mesure particulièrement dans le secteur minier. Celui-ci, qui représente plus de 40% des exportations nationales, est presque exclusivement porté par les capitaux étrangers. Les IDE financent également des infrastructures stratégiques et créent des milliers d’emplois directs et indirects, tout en renforçant les recettes fiscales de l’État.
De nombreux défis de taille subsistent. La bureaucratie, les lenteurs administratives, le manque d’infrastructures aux normes et une perception encore mitigée de la gouvernance constituent autant de freins à l’attractivité du pays. Pour y remédier, les autorités sont invitées à multiplier les initiatives, notamment à travers l’EDBM, afin de simplifier les démarches, sécuriser les transactions et promouvoir Madagascar auprès des investisseurs internationaux. L’enjeu est clair : faire des IDE non seulement une source de financement, mais aussi un catalyseur de transformation durable, au bénéfice de l’ensemble de la population. Cela implique de renforcer la transparence, d’améliorer l’environnement des affaires et de garantir la stabilité politique.
Il est très souvent rappelé que Madagascar dispose d’un énorme potentiel, tant par ses ressources naturelles que par sa position géographique stratégique. Les IDE constituent la clé pour transformer ce potentiel en réalité économique. Encore faut-il que le pays sache créer et maintenir un climat propice, à l’image des réussites africaines qui ont su faire de l’investissement étranger un véritable moteur de développement. Il n'est pas inutile non plus de rappeler que le rapport B-Ready 2024 de la Banque mondiale indique que Madagascar figure toujours dans le « quintile inférieur » des pays avec un environnement des affaires très peu performant.