La révision de la Loi sur les Grands Investissements Miniers (LGIM) à Madagascar s’impose aujourd’hui comme un chantier stratégique, tant pour l’avenir du secteur extractif que pour le développement durable du pays. Mais cette réforme, attendue depuis plusieurs années, suscite des inquiétudes parmi les acteurs de la société civile, en particulier l’OSCIE, la plateforme des organisations de la société civile engagées sur les industries extractives.
L’OSCIE et ses alliés rappellent que la gestion des ressources minières doit répondre à deux exigences fondamentales : la transparence et l’inclusion. À ce stade, ils déplorent l’absence totale de consultations publiques et regrettent que les autorités n’aient communiqué ni calendrier ni méthode pour la mise en œuvre de cette révision. Pour eux, cette situation fragilise la crédibilité du processus et risque de reproduire les erreurs du passé, où les grandes décisions minières se prenaient sans véritable concertation avec les communautés affectées.
La LGIM, adoptée dans les années 2000, avait pour objectif d’attirer les grands investisseurs étrangers dans le secteur minier malgache. Elle a permis l’implantation de projets majeurs comme Ambatovy (nickel et cobalt) ou QMM (ilménite), qui ont marqué un tournant dans l’exploitation industrielle des ressources naturelles. Mais avec le temps, de nombreuses critiques sont apparues : faibles retombées fiscales pour l’État, impacts sociaux et environnementaux sous-estimés, manque de transparence dans la gestion des contrats et des revenus.
Dans ce contexte, la révision de la LGIM représente une opportunité cruciale de repenser le modèle extractif malgache. Il s’agit d’adapter la loi aux standards internationaux de bonne gouvernance, de renforcer la participation citoyenne, mais aussi d’assurer une répartition plus équitable des bénéfices entre l’État, les investisseurs et les communautés locales. Pour l’OSCIE, il est urgent que la réforme ne soit pas un simple exercice technique réservé à quelques experts, mais un processus participatif intégrant toutes les parties prenantes. Les organisations de la société civile réclament plus de transparence (publication des études préliminaires, des projets de textes et des contrats miniers...), une réelle inclusion via la mise en place de consultations publiques ouvertes aux communautés locales, aux élus et aux associations, ainsi qu'une justice sociale et environnementale par la prise en compte des impacts sur la biodiversité, la santé et les moyens de subsistance des populations riveraines.
"Sans ces garanties, le risque est grand que la réforme se limite à un ajustement destiné à sécuriser les investisseurs sans transformer réellement la gouvernance du secteur", clame cette organisation. Pour rappel, Madagascar dispose d’un potentiel minier non négligeable, qui pourrait contribuer significativement à son développement. Mais l’histoire récente montre que sans cadre clair, transparent et inclusif, les richesses naturelles peuvent devenir une source de tensions, de conflits sociaux et de perte de souveraineté économique. La révision de la LGIM doit donc être saisie comme une opportunité pour tourner la page des opacités et instaurer un modèle minier durable.