Le projet minier d’Ampasindava, situé sur la côte nord-ouest de Madagascar, est désormais piloté uniquement par la société Harena Resources. Cette dernière a annoncé avoir acquis les 25% de parts restantes de la holding Harena Resources Pty Ltd, portant ainsi à 100% sa participation dans ce gisement stratégique dont le projet d'exploitation est critiqué vigoureusement par les plateformes de la société civile et suscite de nombreuses craintes de la part des communautés locales.
Cette opération renforce significativement le contrôle de Harena Resources sur un site qui recèle, selon les estimations, près de 606 000 tonnes d’oxydes de terres rares (TREO). Née du changement de nom de la société britannique Citius Resources, Harena Resources s’est repositionnée en 2023 comme l’opérateur principal de ce projet. Cotée à la Bourse de Londres, elle bénéficie désormais d’une exposition directe aux investisseurs internationaux, un atout pour financer un projet minier dont la construction est évaluée à 143 millions USD. L’ambition de l'entreprise est de faire d’Ampasindava une source d’approvisionnement alternative aux gisements chinois, qui dominent actuellement plus de 80% du marché mondial des terres rares.
Le développement du projet repose sur une feuille de route dont on connait les grandes lignes. Une première étude de faisabilité est en cours et devrait être achevée au troisième trimestre 2025. Ses conclusions serviront à la préparation d’une étude de faisabilité définitive (DFS), attendue pour le premier trimestre 2026. Si ces étapes se concrétisent comme prévu, Harena Resources espère lancer la construction de la mine afin d’atteindre, à l’horizon du second semestre 2028, une capacité de production annuelle de 5 000 tonnes de TREO. Pour la société, cette perspective positionnerait Madagascar comme un fournisseur majeur de terres rares à l’échelle internationale, au moment où la demande pour ces métaux stratégiques ne cesse de croître, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des technologies numériques et de la défense.
Face aux différentes actions menées par les membres de la société civile et les communautés locales, l'entreprise affirme être consciente des sensibilités locales et internationales autour des projets miniers. "Harena Resources a déjà engagé une étude d’impact environnemental et social (ESIA). Cet examen vise à évaluer les conséquences potentielles de l’exploitation sur les écosystèmes et les communautés avoisinantes. Les résultats de cette étude devraient orienter la mise en œuvre de mesures de protection et de compensation, un élément crucial dans un pays où les questions de durabilité et d’acceptabilité sociale des projets miniers sont au centre des débats", a-t-on fait savoir. Un discours qui est loin de rassurer les organisations environnementales qui sont convaincues que les impacts de ce projet sur les cultures (café, poivre, cacao...) et les paysages seront "dévastateurs".
De leur côté, les partisans du projet soutiennent que pour Madagascar, l’exploitation d’Ampasindava représente une opportunité de diversification économique et de génération de nouvelles recettes. "Le nouveau Code minier adopté en 2023 garantit à l’État une participation gratuite de 10% dans tous les projets miniers, ainsi qu’une redevance de 5% sur la production. Ces dispositions pourraient assurer au pays des revenus réguliers et une meilleure maîtrise de la valorisation de ses ressources naturelles", a affirmé l'un d'eux avant de reconnaitre que "les défis techniques et environnementaux restent nombreux" et que "les inquiétudes des populations locales sont parfaitement compréhensibles".



