Le processus d’élaboration de la stratégie nationale de cybersécurité est engagé. Un atelier dédié a été organisé à Antananarivo, réunissant des représentants des autorités publiques, des experts du numérique ainsi que des partenaires techniques et institutionnels. Selon les responsables, le pays doit se doter d'une feuille de route permettant de sécuriser son espace numérique, à mesure que les usages digitaux se développent dans l’administration, les services financiers et l’économie en général.
L’objectif est de mettre en place un cadre stratégique cohérent et adapté aux nouveaux défis liés au numérique. « Les acteurs concernés se sont engagés à finaliser cette stratégie nationale de cybersécurité dans un délai de trois mois », a indiqué Eric Nirina Rakotomaniraka, chef d’équipe en charge des incidents numériques à la Computer Incident Response Team (CIRT). Le document en préparation couvrira plusieurs thématiques jugées prioritaires, notamment la protection de l’enfance en ligne, la lutte contre les violences basées sur le genre, la justice numérique, ainsi que la coopération internationale en cas de cyberattaques ou de violations de données.
Sur le plan opérationnel, la future stratégie vise à renforcer l’ensemble de la chaîne de gestion des incidents numériques, depuis la prévention jusqu’à la réponse. Elle prévoit notamment le développement des capacités nationales en matière d’investigation numérique (forensic), l’amélioration de la coordination entre les institutions publiques et les acteurs privés, ainsi que le renforcement des compétences locales. L’enjeu est de mieux anticiper les menaces, de réagir plus efficacement aux incidents et de limiter leurs impacts sur les services essentiels.
Cette stratégie doit également servir de base à l’actualisation du cadre réglementaire existant. La loi malgache sur la cybersécurité, adoptée en 2014, apparaît aujourd’hui de plus en plus inadaptée face à l’évolution rapide des technologies, à la sophistication des cybermenaces et à l’essor des services numériques. Une modernisation du dispositif juridique est jugée indispensable pour accompagner la transformation numérique du pays et garantir une meilleure protection des données et des systèmes d’information. L’initiative intervient dans un contexte de progression constante des usages numériques à Madagascar. Selon le rapport Digital 2025, le pays comptait environ 6,6 millions d’internautes en 2025, soit un peu plus de 20 % de la population. Si ce taux demeure relativement modeste, il est en hausse régulière.
Parallèlement, les capacités nationales en matière de cybersécurité restent limitées. D’après l’Indice mondial de cybersécurité 2024 de l’Union internationale des télécommunications, Madagascar est classé dans la quatrième catégorie (Tier 4) sur cinq. Ce positionnement reflète d’importantes marges de progression, notamment en ce qui concerne les infrastructures techniques, la coordination institutionnelle, le développement des compétences spécialisées et la coopération internationale. La mise en œuvre effective de la stratégie nationale de cybersécurité devrait permettre à Madagascar de renforcer la protection de ses infrastructures numériques, d’accroître la confiance des citoyens et des investisseurs dans les services digitaux, et de mieux accompagner la modernisation de l’administration et de l’économie.


