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TABLE RONDE | Tout sur l'émancipation des femmes

... Émancipation des Femmes et à la Lutte contre les Violences Basées sur le Genre, une table ronde a eu lieu dans le jardin du Musée de la Photographie ...


Dans le cadre du Programme d’Appui à l’Émancipation des Femmes et à la Lutte contre les Violences Basées sur le Genre à Madagascar, financé par l’Union européenne, une table ronde a eu lieu ce jeudi 7 mars dans le jardin du Musée de la Photographie d’Antananarivo

Durant près de trois heures, cinq féministes engagées, Marie-Christina Kolo, Mbolatiana Raveloarimisa, Felana Rajaonarivelo, Gaëlle Borgia et Kemba Ranavela ont échangé en public sur la situation des violences, discriminations, maltraitances et inégalités subies par les jeunes filles et femmes malgaches, avec pour objectif de réfléchir à des pistes de solutions ensemble. Elles ont ensuite pu échanger avec le public autour d’une collation. 

Toutes les intervenantes s’accordaient sur le fait que les droits des jeunes filles et femmes malagasy sont quotidiennement mis en cause : violences conjugales, violences sexuelles, pauvreté, grossesses précoces, mariages forcés, difficultés dans l’accès à l’éducation, la santé et l’emploi. Il a été fait état de la difficulté pour les militantes féministes malgaches de sortir du « politiquement correct ». Se battre pour faire changer certaines lois est un défi car elles font face à des menaces ou attaques personnelles sexistes et commentaires désobligeants. 

La question du lien entre climat et genre a permis de rappeler que le dérèglement climatique est aussi un facteur aggravant des violences faites aux femmes. Car les catastrophes naturelles appauvrissent la population et exposent les jeunes filles et les femmes à davantage de violences telles que la corruption sexuelle en échange de dons alimentaires ou le mariage forcé qui peuvent permettre à la famille de survivre grâce à la dot. Dans le secteur de l’éducation, le fait que la majorité du corps enseignant soit composé de femmes n’a pas permis de faire avancer la lutte pour les droits des femmes car certaines de ces dernières perpétuent le système patriarcal à l’école.  

Solutions envisagées

En termes de lois, il a été déploré que le Code Pénal malgache, hérité du Code napoléonien français, ne soit plus adapté aux réalités d’aujourd’hui. Les projets de loi contre les violences faites aux femmes ont le mérite d’exister et de faire parler de sujets tabous mais ne prennent pas suffisamment en compte les causes profondes des violences telles que la culture du viol ou la solitude administrative et juridique des victimes. Le manque de moyens et de subventions allouées aux structures qui accueillent les victimes de violences a également été mentionné. De manière générale, les mesures et stratégies politiques mises en place existent mais le financement qui peut amener à des résultats concrets et changements ne sont pas suffisants.  

Face à ces défis, les intervenantes ont proposé plusieurs solutions dans leurs domaines respectifs. L’accent a été mis sur l’importance de la mixité à l’école et sur l’urgence d’instaurer l’éducation sexuelle dans une forme adaptée dès l’école primaire. Les hommes ont été encouragés à contribuer à la lutte contre les violences basées sur le genre, en faisant un travail de sensibilisation auprès d’autres hommes. Lutter contre les violences basées sur le genre nécessite un travail d’écoute, de communication et de psychologie de longue haleine qui amène petit à petit à des prises de conscience et des changements de comportements. 

Les intervenantes ont rappelé que chaque citoyenne et citoyen peut agir, se lever contre ce qui est injuste dans son quotidien, dénoncer, opérer des petites révolutions à leur niveau, apprendre à dire non et ne pas se laisser impressionner par les intimidations. Car l’action doit se mener avec les pouvoirs publics, via des formations au genre et au climat pour les fonctionnaires, qui sont déjà en cours. Le travail doit être collaboratif et se mener aussi au niveau législatif. Les intervenantes appellent d’ailleurs à l’adoption et à la mise en œuvre de la loi sur l’Interruption Thérapeutique de Grossesse (ITG). 

Enfin, les partenaires techniques et financiers, les universités, les organisations de la société civile, les dirigeants ont été appelés à soutenir la mise en œuvre de la « feuille de route des femmes malagasy », un cadre stratégique établi par le mouvement Nifin’Akanga qui propose des actions précises et réalisables en un mandat présidentiel pour promouvoir la lutte contre les violences. L’Union européenne s’est engagée à continuer à soutenir les initiatives positives en faveur des droits des femmes dans le cadre de son Plan Égalité Homme-Femme GAP III mis en œuvre à Madagascar jusqu’en 2027.