Le secteur des matériaux de construction ne représente que 0,4% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays et ce taux n'a pas beaucoup évolué ces deux dernières années. Raison pour laquelle les analystes estiment que cette filière doit monter en puissance pour peser davantage dans l’économie. Les acteurs du secteur soutiennent pour leur part que le marché devrait connaitre une croissance sensible dans les prochaines années.
Le secteur de la construction représente 10,6 % du PIB malgache, en légère croissance de 3,2 % mais largement en-deçà des performances de la période pré-Covid (+10,3 % en 2019 ; -9,3 % en 2020 et +2,8% en 2021). La filière matériaux de construction, qui représente près de 30% du chiffre d’affaires global du secteur du BTP, suit aussi cette tendance de croissance.
Par ailleurs, selon les données sur le recensement général de la population, le secteur « Construction, bâtiments et travaux publics » emploie aujourd'hui 1,7% de la population active (15-59 ans) soit environ 165 600 personnes. Il représente près de 5% des emplois informels, surtout composés d’auto-entrepreneurs individuels.
Du côté des partenaires techniques et financiers, on note que les besoins de Madagascar dans le secteur de la construction sont très importants, principalement en raison de la situation d’enclavement d’une partie du territoire et d’une forte croissance démographique. Le gouvernement estime pour sa part les besoins à + 1,73 million de logements d’ici 2045, dont environ 700 000 dans les grandes villes.
Concernant les infrastructures routières, près de 7,6 milliards USD seraient nécessaires d’ici à 2038. Ces différents constats et prévisions amènent les analystes à estimer que la filière matériaux de construction devrait connaître prochainement une croissance significative.
Parmi les produits suivis de près par les observateurs : le ciment. Selon une enquête réalisée par le service économique de l’Ambassade de France, près de 200 000 tonnes de ciment sont produites annuellement à Madagascar sur 1 million de tonnes consommées. Le groupe Cementis Ocean Indien, filiale du groupe mauricien Taylor Smith qui a repris les activités de la filiale malgache de LafargeHolcim en octobre 2021, mène le bal avec une production de 180 000 tonnes de ciment par an dans son usine d’Ibity.
Kolos Cement, filiale du mauricien Gamma Civic Ltd, s’est implantée pour sa part sur le territoire en 2021. Et au mois de février dernier, Gamma Civi Ltd, en partenariat avec Cemendo Gemiland d'Indonésie, a annoncé le lancement d'Alpha Ciment SA suite au rachat de Cementis Madagascar. Quant au groupe ivoirien AFG, il a installé sa filiale SDM (Société de Ciment de Madagascar) début 2023.
On se souvient par ailleurs que les autorités avaient mobilisé la State Procurement of Madagascar (SPM) afin de maitriser un temps les coûts d’approvisionnement et réguler les prix des principaux métériaux de construction dont le ciment. On sait en outre que le fer et l’acier utilisés dans la Grande Ile sont principalement importés de Chine, de Turquie et d’Espagne, pour un volume de l’ordre de 133 000 tonnes en 2022 (+50% % par rapport à 2021) et une valeur de 155,5 millions USD.
