Le prochain rendez-vous Café-histoire se tiendra ce samedi 25 mai au Musée de la Photo à Antananarivo. A cette occasion, le docteur Tanambelo Rasolondrainy présentera « Les arts rupestres à Madagascar ».
« Les sites avec des peintures et gravures rupestres préhistoriques abondent en Afrique, continent mère, dont Madagascar est à peine séparé de 400 km. Toutefois, aucun site d'art rupestre ancien n'a été étudié de manière systématique à Madagascar jusqu'en 2010. Le manque d'intérêt pour cet aspect était dû au modèle erroné qui considérait les Africains comme incapables de traverser le canal du Mozambique dans le passé", fait remarquer le docteur Tanambelo Rasolondrainy.
La découverte de sites d'art rupestre à Madagascar a cependant changé ce récit, d’autant plus que les recherches paléontologiques et archéologiques font remonter à près de 4500 à 6000 ans avant notre ère la présence d’humains dans l'île. Peu de sites de peintures rupestres ont été et continuent d'être signalés à Madagascar. La présentation actuelle abordera les questions de la recherche sur l'art rupestre malgache.»
Et force est de constater que déjà, sur les réseaux sociaux, le sujet suscite des débats passionnés. "Il n'existe aucune datation directe sur ces gravures, donc l'âge ne peut en être précisé scientifiquement et ceux avancés ne sont qu'hypothétiques et donc très discutables au regard des données convergentes de l'archéologie et de la génétique qui, de manière scientifique, fixent l'arrivée des premiers groupes humains à Madagascar au cours du premier millénaire de notre ère", soutient par exemple Bernard Peyrot, connu pour être un des spécialistes en paléoenvironnement.
Et ce dernier de poursuivre que les dites traces de boucheries sur des ossements fossiles (Anjohibe et Ambolisatra) se sont avérées naturelles et non anthropiques, excluant une présence humaine antérieure. Ainsi, les dates avancées de 4500 à 6000 ans des gravures seraient à prendre avec précaution. Par contre, ajoute-t-il, les images pariétales en elle mêmes, des cavités du Makay, de l'Isalo et d'autres lieux semblables, restent un évident sujet d'intérêt artistique original avec à l'évidence des thématiques autochtones zoomorphes (zébus à bosse, crocodiles) et anthropomorphes et non importées.
Rappelons enfin que dans la grotte d'Andriamamelo, nichée dans le giron de la forêt sèche de Beanka (région du Melaky, ouest de Madagascar), des archéologues ont découvert en 2013 des "trésors anciens", comme ils les qualifient : des dessins préhistoriques uniques, semblant représenter des humains et des animaux. Et selon Future Sciences, ces étranges peintures rupestres font le lien entre des formes d'art issues de plusieurs continents. En tout cas, le rendez-vous Café-histoire promet d'être bien animé.
