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MARCHE CARBONE | La société civile en parle

... les résultats d’études effectuées sur des projets de compensation carbone à Madagascar ne permettent pas de justifier le choix du pays de miser sur le marché carbone


Plusieurs organisations malgaches se réclamant de la société civile, au premier rang desquels le Collectif pour la défense des terres malgaches, estiment que l’historique et les résultats d’études effectuées sur des projets de compensation carbone à Madagascar ne permettent pas de justifier le choix du pays de miser sur le marché carbone pour asseoir une croissance durable et inclusive.

Face aux dégâts annoncés ou déjà présents causés par le changement climatique, de nombreux pays  se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES), notamment de carbone. Mais pour éviter de changer leurs manières de consommer, comme exigé par l’objectif d’atténuation du changement climatique, les plus gros émetteurs de GES ont trouvé l’idée de la compensation carbone, du Net Zéro et du marché carbone : ils achètent du crédit-carbone à ceux qui éliminent ou réduisent le carbone ailleurs. 

Ceux qui réduisent les GES misent de plus en plus sur les pays en développement comme Madagascar. Récemment, des journalistes et des scientifiques ont pourtant remis en question la validité et l’efficacité de nombreux projets et ébranlé les fondements de ce système. Parmi les critiques rapportées figurent les accaparements de terre et les impacts sociaux négatifs des projets de compensation carbone dans plusieurs pays du continent africain. C'est dans ce contexte que la société civile malgache a présenté les grandes lignes de l’historique et des résultats d’études effectuées sur quelques projets de compensation carbone comme le REDD+ à Madagascar.

"La conclusion exhorte à réfléchir davantage aux mesures qui n’aggravent pas la précarité et la pauvreté des communautés locales malgaches tout en agissant vers une atténuation réelle du changement climatique", a indiqué la société civile qui estime que l’ensemble de "ce dispositif échafaudé principalement pour éviter aux Etats puissants et aux grosses enterprises de réduire leurs émissions de carbone par la modification de leurs sources de richesse et de pouvoir a fait l’objet de nombreuses recherches dont les résultats permettent de douter..."

Un processus de calcul jugé non fiable


La société civile malgache fait ainsi partie des organisations considérant la compensation carbone comme une forme de greenwashing, procédé que les enterprises utilisent pour se donner une fausse image de responsabilité écologique, alors qu’elle permet la poursuite des activités polluantes. En plus, souligne-t-elle, il existe un problème de confiance car le système de certification des crédits-carbone n'est pas fiable. Tout au long de l’année 2023, des investigations ont montré que le processus de calcul des crédits des projets liés à de nombreux projets forestiers, par exemple, est faussé car il incite à accorder des crédits excessifs en gonflant à la fois le risque de déforestation et l’efficacité des projets destinés à y remédier.

Pour rappel, les premiers projets de compensation carbone ont commencé dans la Grande Ile vers le milieu des années 2000, menés de manière conjointe par l’Etat malgache et des bailleurs de fonds ou des organisations internationales de conservation. Des projets pilotes ont ensuite été menés dans la forêt de Makira, notamment dans le corridor forestier Ankeniheny – Zahamena et dans le cadre du projet holistique de conservation de la forêt. Une étude sur leur gestion réalisée en 2016 a surtout mis en évidence des modalités contraignantes voire coercitives vis-à-vis des populations locales et des retombées des incitations au bénéfice des élites.

Aussi, la société civile soutient que les connaissances et enseignements tirés des échanges sur la compensation carbone "nous amènent à exhorter vivement les décideurs et autorités compétentes à considérer avec la plus grande attention les communautés des zones rurales car elles font souvent partie des principales victimes du changement climatique, à trouver des idées innovantes pour ne pas aggraver leur pauvreté en les privant de leurs terres et en leur interdisant d’utiliser le bois sans proposer d’alternative pertinente, à ne détruire ni la biodiversité ni la culture locale dans le cadre de l’atténuation du changement climatique".