Selon les prévisions de Statista, le marché régional du cloud devrait dépasser le 12 milliards USD en 2025 et plus que doubler avant la fin de la décennie, pour s’établir à 25,46 milliards USD, soit un taux de croissance annuel composé de 19,32 %. Cette dynamique forte reflète l’adoption croissante des services numériques dans la région et place les métiers du cloud au cœur des enjeux économiques et technologiques à venir.
Les investissements dans le cloud computing se multiplient. Les grandes entreprises et les start-ups s'activent pour mettre sur le marché des solutions cloud pour moderniser leurs services, sécuriser les données et optimiser leurs infrastructures. Microsoft a ouvert des centres de données, tandis qu’Amazon Web Services (AWS) a déployé des initiatives stratégiques dans plusieurs pays de la région. Google Cloud a aussi décidé de se renforcer.
Cette expansion stimule la demande en spécialistes du cloud : architectes cloud, ingénieurs DevOps, administrateurs de bases de données et experts en cybersécurité. Selon la Société Financière Internationale (SFI), l’Afrique devra former 230 millions de talents numériques d’ici 2030. Pourtant, peu d’institutions locales semblent aujourd’hui en mesure de répondre à ce besoin massif. Si les métiers du cloud sont en plein essor, les parcours de formation spécialisés restent largement insuffisants notamment à Madagascar. Le secteur privé tente cependant de combler les lacunes à travers des bootcamps et des plateformes certifiantes.
C'est dans ce cadre qu'ALX Africa propose, par exemple, un programme de certification AWS Cloud Practitioner dans plusieurs pays de la région. Gebeya forme aussi des développeurs orientés cloud. Selon les spécialistes, le manque d’équipements adaptés, de simulateurs ou d’accès aux plateformes cloud ralentit l’apprentissage. Un rapport publié par l’AUDA-NEPAD et la GIZ souligne que moins de 30 % des diplômés des filières TIC sont immédiatement employables sur le marché.
Le déficit de compétences dans le cloud dépasse le seul enjeu éducatif. Il freine le développement de l’économie numérique. Faute de profils qualifiés, de nombreuses entreprises recrutent à l’étranger ou externalisent leurs services, ce qui limite leur compétitivité. Pour les start-ups, cette dépendance représente un coût supplémentaire et constitue un obstacle à la montée en échelle. Face à ces défis, plusieurs pays africains dont Madagascar sont appelés à mener une structuration plus stratégique de leur offre de formation.
Selon un membre du Groupement des Opérateurs des Technologies de l'Information et de la Communication à Madagascar (Goticom), l'adoption du cloud computing représente une opportunité pour les entreprises malgaches d'optimiser leurs opérations et de se développer. Il reconnait qu'il existe une pénurie de compétences en cloud computing dans le pays. Des initiatives sont en place pour former des professionnels en cloud computing, comme les collaborations entre ArkUp Academy et Google Cloud, et entre Alibaba Cloud Academy et Arovy University. Mais ces initiatives doivent se multiplier pour s'arrimer à la forte croissance du secteur.