Le Jejy Voatavo, ou Lokanga Voatavo, est un instrument traditionnel malgache. C'est une cithare à baguette plate, dotée d’une ou plusieurs cordes — traditionnellement en fibres végétales ou en crins — et d’une calebasse qui sert de caisse de résonance. On le joue en pinçant ou en grattant les cordes.
Très présent chez les Betsileo et les Betsimisaraka, il se distingue par son usage : loin des rituels sacrés, il accompagne chants, contes et récits, ainsi que les moments simples du quotidien — veillées, fêtes familiales ou échanges avec les enfants autour du feu. C’est un instrument soliste, joué seul dans une relation intime entre le musicien, la musique et le récit. Parfois, plusieurs musiciens jouent ensemble, à l’unisson ou en harmonie, pour enrichir l’histoire racontée.
Selon les spécialistes, le jejy voatavo incarne à lui seul une partie de l’identité culturelle du pays. À la fois témoin d’un savoir-faire ancestral et vecteur d’émotions, il continue de fasciner les ethnomusicologues et de séduire les amateurs de musique traditionnelle. Longtemps réservé aux pratiques rituelles et au divertissement populaire, le jejy voatavo connaît aujourd’hui un regain d’intérêt grâce aux initiatives de transmission et de valorisation portées par les artistes et les associations culturelles.
Précision est également donnée que le nom « jejy voatavo » associe deux éléments clés : « jejy », qui renvoie à la mélodie, et « voatavo », qui signifie calebasse. « Ce terme illustre parfaitement la nature de l’instrument, conçu à partir de matériaux naturels. Il se compose d’une caisse de résonance fabriquée dans une calebasse séchée et évidée, surmontée d’un manche en bois sur lequel sont tendues deux à quatre cordes. Les cordes, autrefois faites de fibres végétales ou de boyaux d’animaux, sont aujourd’hui souvent remplacées par du fil métallique pour une meilleure longévité et une sonorité plus claire ».
Le savoir-faire de fabrication se transmet généralement de génération en génération. Les artisans, appelés mpanefy jejy, sélectionnent minutieusement les calebasses pour leur forme et leur résonance, et accordent une attention particulière à l’équilibre entre le manche, les cordes et la caisse. Ce processus artisanal confère au jejy voatavo une sonorité unique, empreinte de la culture de la région où il est fabriqué.
A noter enfin qu'à Madagascar, chaque instrument traditionnel joue un rôle précis, lié à une région, une fonction ou un moment particulier. Le valiha, cithare en bambou, accompagne les prières ou évoque souvent les ancêtres. L’antsiva, conque en coquillage, retentit lors des cérémonies royales. L’amponga, tambour solennel, rythme rites et funérailles. Le hazolahy, groupe de tambours sacrés du sud, intervient dans les rituels de possession ou de guérison. Dans cette diversité, le jejy voatavo occupe une place singulière : celui qui murmure les histoires du passé, faisant vibrer la mémoire d’un peuple au rythme de ses cordes. Cette semaine, le Musée de la Photographie de Madagascar, dans une publication sur les réseaux sociaux, a remis sous les projecteurs le Jejy Voatavo.