D'après Mordor Intelligence, le marché global des services Internet par satellite en orbite basse représentait environ 176,98 milliards USD en 2024, et pourrait atteindre 284,39 milliards USD d’ici 2029, avec une croissance annuelle de 9,95 %. C'est dans ce contexte que les entreprises opérant cette filière s'activent en visant notamment les pays du sud comme Madagascar.
Les spécialistes affirment que la dynamique du marché des services Internet par satellite en orbite basse est portée par la demande croissante en connectivité dans les zones non couvertes, mais aussi par des usages stratégiques tels que l’agriculture de précision, la surveillance environnementale et la communication d’urgence. Avec un déploiement rapide des satellites LEO (Low Earth Orbit) et l’adoption progressive de la technologie D2D, les pays de la région, dont Madagascar, peuvent ainsi espérer franchir un cap dans leur transition numérique. Mais pour accélérer cette progression, il est nécessaire d’adapter les régulations nationales, de favoriser des modèles de subvention ciblés pour réduire les coûts d’accès, et de promouvoir une intégration fluide entre les réseaux spatiaux et terrestres.
Pour l’Union internationale des télécommunications (UIT), les pays de la région sont appelés à s'intéresser davantage aux solutions venue de l’espace, notamment les satellites en orbite basse. Contrairement aux satellites géostationnaires (GEO), positionnés à plus de 35 000 km, ou aux satellites en orbite moyenne (MEO), les LEO gravitent entre 500 et 2 000 kilomètres de la Terre. Cette proximité permet une latence réduite et des connexions plus stables. Mais au-delà de la simple transmission de données, les satellites LEO ont aussi la capacité d'offrir une connectivité directe aux appareils (D2D). Cette technologie permet aux smartphones, capteurs ou autres terminaux de communiquer directement avec les satellites, sans passer par des infrastructures terrestres comme les relais télécoms ou les stations de base.
On sait en outre que les opérateurs satellites n’ont plus besoin d’investir massivement dans des kits de réception coûteux ou dans des stations au sol à forte maintenance. Du côté des opérateurs télécoms, c’est l’occasion de devenir revendeurs de connectivité spatiale, en accédant aux capacités satellites sans investissement dans les tours relais. Les consommateurs, eux, peuvent se connecter de partout, y compris dans les zones rurales où l’investissement en infrastructure télécom est encore trop faible. Ce qui permet de résoudre en partie le problème de couverture réseau à haut débit, ouvrant la voie à de nouveaux usages (enseignement à distance, e-santé, services financiers numériques…).
C'est ainsi que plusieurs acteurs de l’industrie spatiale, souvent en collaboration avec des partenaires régionaux ou locaux, déploient leurs services. Starlink s’est implanté dans une vingtaine de pays africains, dont Madagascar, facilitant l’accès à la connectivité grâce à des kits de réception ou des accords avec des opérateurs mobiles. De son côté, Airtel Africa a conclu un partenariat avec Starlink pour déployer ce service d’Internet par satellite dans neuf pays, dont aussi la Grande Ile. Quant à Intelsat, il a signé un accord avec Orange, permettant à des milliers de personnes vivant dans des zones rurales d’accéder à Internet.
"À terme, cette amélioration de l’accès à Internet peut avoir une forte incidence économique. Une augmentation de 10 % de la pénétration de l’Internet mobile pourrait entraîner une hausse potentielle de 2,5 % du PIB",
a commenté pour sa part la Banque mondiale.
Rappelons enfin qu' avec un taux de pénétration d’Internet qui stagne autour de 15 à 20 % selon les régions, et des infrastructures encore concentrées dans les grands centres urbains, l’accès universel au haut débit reste un défi majeur à Madagascar. Les zones rurales, qui concentrent plus de 70 % de la population, sont souvent mal desservies, voire totalement exclues des services numériques. D'où l'intérêt croissant pour la connectivité spatiale. Cependant, le coût des abonnements (environ 40 à 70 dollars mensuels) et celui des équipements initiaux (autour de 500 dollars) restent un frein majeur pour une adoption massive, notamment dans un pays où la majorité vit avec moins de 2 dollars par jour.