Les répercussions des événements du 25 septembre se font fortement sentir dans la capitale et au-delà. Face aux violences et aux pillages survenus jeudi soir, le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) tire la sonnette d’alarme et appelle les autorités compétentes à agir rapidement pour garantir la sécurité des entreprises et de leurs salariés.
Selon l’organisation patronale, la situation est jugée « critique ». De nombreux établissements privés, commerces et infrastructures ont été la cible de dégradations et d’actes de vandalisme. Plusieurs témoignages d’entrepreneurs font état de stocks détruits, de locaux incendiés ou encore de machines endommagées, compromettant ainsi la continuité des activités économiques déjà fragilisées par le contexte national. « Les entreprises malgaches représentent des dizaines de milliers d’emplois et une part essentielle de la stabilité sociale. Chaque perte subie met en danger non seulement la survie des sociétés, mais aussi celle des familles qui dépendent de ces revenus », a indiqué le GEM dans un communiqué diffusé à la presse vendredi matin.
Outre les pertes matérielles, le secteur privé exprime sa vive inquiétude pour la sécurité des salariés. Beaucoup d’entre eux ont été surpris par les violences alors qu’ils quittaient leur lieu de travail, et certains ont subi des menaces directes. « Nos collaborateurs ne doivent pas devenir des victimes collatérales d’événements qu’ils ne contrôlent pas », insiste le GEM, rappelant que la protection des travailleurs doit rester une priorité absolue dans la gestion de la crise. Plusieurs entreprises auraient par ailleurs suspendu temporairement leurs activités, le temps que la situation se stabilise. Dans certains quartiers de la capitale, des responsables d’ateliers ou de petites usines ont préféré fermer leurs portes pour éviter de nouvelles attaques.
Le patronat malgache souligne que l’investissement privé, moteur de croissance, repose sur un climat de confiance et de sécurité. « Si les entreprises ne se sentent pas protégées, si les investisseurs perçoivent Madagascar comme un terrain à risques, c’est l’avenir économique du pays tout entier qui est menacé », prévient un membre du bureau exécutif du GEM. L’organisation demande donc aux forces de l’ordre et aux autorités locales de redoubler d’efforts pour rétablir l’ordre public et assurer une protection accrue des zones industrielles, commerciales et des infrastructures stratégiques. Elle appelle également à des enquêtes rapides afin d’identifier les responsables des pillages et de garantir que de tels actes ne restent pas impunis.
Cette nouvelle crise intervient dans un contexte économique déjà tendu. De nombreux secteurs – textile, agroalimentaire, BTP, tourisme ou encore services – sortent à peine des difficultés liées à la pandémie et aux perturbations internationales. Le GEM rappelle que la confiance des partenaires internationaux, déjà chancelante, pourrait être durablement affectée si un climat d’instabilité venait à s’installer. Pour le secteur privé, l’enjeu dépasse la simple survie des entreprises touchées : il s’agit de préserver la dynamique de création d’emplois et de garantir la stabilité sociale du pays. Dans son communiqué, le GEM conclut par un appel solennel à la responsabilité de chacun, autorités comme citoyens, afin que Madagascar ne bascule pas dans une spirale de violences préjudiciable à tous.
Mais force est aussi de constater que nombre d'acteurs du secteur privé ont apporté leur soutien à l'initiative « Leo déléstage » portée par le mouvement baptisé Gen Z. Ce dernier qui a lancé une série de manifestations citoyennes dans plusieurs grandes villes de Madagascar, illustrant un profond mécontentement de la population et des opérateurs économiques face aux délestages électriques et aux pénuries d’eau. De la capitale malgache aux villes de province telles qu'Antsirabe, Toliara ou encore Antsiranana, des rassemblements ont été tenus, traduisant une colère latente qui dépasse la seule question de l’approvisionnement en énergie.