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MADAGASCAR | Le mouvement de contestation s'intensifie

 

La crise sociale continue de prendre de l'ampleur à Madagascar. Confronté à une contestation grandissante provoquée par les coupures d’eau et d’électricité, le président malgache a annoncé vendredi le limogeage de son ministre de l’Énergie. Mais rendez-vous est déjà donné ce samedi pour la poursuite et l'intensification du mouvement de contestation qui a déjà atteint plusieurs autres villes du pays.


La crise sociale continue de prendre de l'ampleur à Madagascar. Confronté à une contestation grandissante provoquée par les coupures d’eau et d’électricité, le président malgache a annoncé vendredi le limogeage de son ministre de l’Énergie. Mais rendez-vous est déjà donné ce samedi pour la poursuite et l'intensification du mouvement de contestation qui a déjà atteint plusieurs autres villes du pays. 


En écartant son ministre, le chef de l’État espère calmer la colère populaire et envoyer un signal d’autorité. Toutefois, ce geste est jugé tardif et loin d'être insuffisant par les manifestants, qui accusent l'Etat d’inaction et d'arrogance face à des difficultés quotidiennes devenues insupportables. La multiplication des coupures, sur fond de crise économique et d’inflation, alimente un mécontentement généralisé. Le couvre-feu décrété dans la capitale n’a pas suffi à dissuader les contestataires. Au contraire, l’annonce présidentielle semble avoir renforcé leur détermination. Dès vendredi soir, de nombreux appels circulaient sur les réseaux sociaux pour une nouvelle mobilisation dès le lendemain.


Au cœur de ce mouvement se trouve la "Gen Z", une génération de jeunes urbains hyperconnectés, qui a trouvé dans la rue et sur internet un espace d’expression de sa frustration. Inspiré par des mobilisations internationales, ce collectif a choisi pour emblème le drapeau pirate de la célèbre série japonaise One Piece. Ce symbole, déjà repris par des mouvements contestataires en Indonésie et au Népal, s’impose comme un signe de ralliement face au régime. Vendredi, la Gen Z a publié un communiqué appelant à un défilé ce samedi. Le rassemblement est prévu à partir de 10 heures sur le campus de l’université d’Antananarivo, avec pour destination la place d’Ambohijatovo, au centre-ville. C’est précisément là que, jeudi, les forces de l’ordre avaient érigé de nombreux barrages pour bloquer les manifestants.


"Venez nombreux ! Ramenez vos pancartes ! Et filmez tout ! Manifestation pacifique", pouvait-on lire dans leur message viral. Par cette stratégie, la Gen Z mise sur la visibilité en ligne et la documentation des événements afin de contrer toute tentative de récupération ou de répression. Pour rappel, la manifestation de jeudi avait dégénéré en scènes de pillages qui ont frappé de nombreux commerces et foyers de la capitale. Face à ces débordements, la Gen Z a tenu à se démarquer. "Nous n’avons rien à voir avec les pillages", ont assuré ses membres, insistant sur leur volonté d’organiser une mobilisation strictement pacifique.


La journée de samedi apparaît donc comme un test décisif pour le pouvoir malgache. Si la mobilisation se poursuit et prend de l’ampleur, le limogeage du ministre de l’Énergie pourrait vite être perçu comme une mesure cosmétique, incapable de répondre aux revendications profondes. Entre volonté d’apaisement et risque d’escalade, le gouvernement marche sur une ligne plus qu'étroite. La capacité de la Gen Z à maintenir et étendre son mouvement dans un cadre pacifique déterminera en grande partie la suite des événements. Mais une chose est certaine : la voix d’une jeunesse connectée et déterminée s’impose désormais comme un acteur central de la vie politique malgache.