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DAMA | Figure emblématique des artistes engagés

Depuis près d’un demi-siècle, Dama, de son vrai nom Zafimahaleo Rasolofondraosolo, incarne ce que peut être un artiste profondément engagé : un musicien dont la voix comme les textes se nourrissent du quotidien de ses compatriotes, de leurs souffrances, de leurs espérances.


Depuis près d’un demi-siècle, Dama, de son vrai nom Zafimahaleo Rasolofondraosolo, incarne ce que peut être un artiste profondément engagé : un musicien dont la voix comme les textes se nourrissent du quotidien de ses compatriotes, de leurs souffrances, de leurs espérances. 


Né le 26 mai 1954 à Marolambo, sur la côte est de Madagascar, il fait ses premières armes dans la musique et la sociologie, deux disciplines qui vont s’entrelacer de manière indissociable dans sa vie. C’est en 1972, en pleine période de mouvements étudiants, que Dama cofonde, avec d’autres jeunes artistes intellectuels, le groupe Mahaleo. Ce nom deviendra synonyme de chanson de protestation, de poésie engagée, de revendication sociale. Le groupe ne se contente pas de chanter : il écoute, observe, il se mobilise. L’album, les chansons de Mahaleo, participent des mouvements de mai 1972 qui ont secoué les institutions de Madagascar. 


Dama adopte très tôt une posture d’artiste « observateur militant » : sociologue de formation, il voit dans la musique un moyen de donner voix aux sans-voix, de s’exprimer sur la pauvreté, sur les inégalités, sur l’identité malgache. Sa musique mélange le ba gasy, les rythmes traditionnels des Hauts-Plateaux, le folk acoustique, parfois des influences du folk américain, un mélange qu’on appelle souvent tsensigat. Tout au long de sa carrière, Dama et Mahaleo ont exploré des thèmes graves : la pauvreté, l’éducation, le déracinement, la corruption, les enfants des rues, l’environnement, la gouvernance. Ce sont ces réalités concrètes qui servent de matériau à ses chansons, non pas de manière abstraite, mais dans des récits, des histoires souvent simples, mais frappantes. Il met en lumière ce que vivent les Malgaches au quotidien : la difficulté d’accès à l’école, la marginalisation, le manque d’opportunités. 


"Il est la conscience d’un peuple"


Dans des tournées récentes, concerts et apparitions publiques, Dama n’hésite pas à revendiquer que la pauvreté n’est pas une fatalité, qu’elle est le produit d’un système — d’une gouvernance déficiente — qui laisse sur le côté les plus vulnérables.  L’engagement de Dama ne se limite pas aux chansons. Il s’est aussi traduit dans sa vie politique. Il a été élu député indépendant à Antananarivo en 1992 puis en 1996. En 2018, il présente sa candidature à la présidence de la République malgache, affirmant vouloir redonner de l’espoir, réformer la gouvernance, rapprocher le pouvoir des citoyens. 


Par ailleurs, sa contribution à la culture malgache est régulièrement célébrée : en 2022, Dama et Bekoto (autre membre de Mahaleo) reçoivent un doctorat honoris causa de l’Université d’Antananarivo, en reconnaissance de leur rôle dans la musique, mais également dans l’identité nationale et dans la promotion des valeurs de solidarité, de justice sociale. "Il est la conscience d’un peuple, un témoin de ses défis, un passeur d’idéal. Ses chansons restent un miroir : parfois douloureux, parfois consolateur, mais toujours porteur d’une parole nécessaire", commente un ami de longue date du chanteur. A noter enfin que samedi dernier, lors d'une prestation donnée aux Pays-Bas, Dama a informé les spectateurs qu'il suit de près la situation qui prévaut à Madagascar et prendra ses responsabilités dès son retour au pays ce lundi.