Un mouvement de protestation est annoncé ce jeudi 25 septembre à Ambohijatovo, où la population de la capitale est appelée à se rassembler pour dénoncer les délestages et les coupures d’eau qui ne cessent de perturber leur quotidien. Selon un observateur de la vie publique malgache, cette réaction illustre un malaise devenu profond face à une crise énergétique et hydraulique persistante, malgré les assurances répétées des autorités.
Samedi dernier, à Ambohimanambola, le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Jean Baptiste Olivier, a tenter de calmer les esprits. « La destruction n’est pas la solution », a-t-il déclaré, exhortant la population à garder son sang-froid et à privilégier la coopération. Le ministre a souligné que l’État, en collaboration avec la Jirama et ses partenaires, œuvre sur plusieurs fronts pour améliorer l’approvisionnement en électricité et réduire les perturbations. La réalité sur le terrain demeure toutefois préoccupante. Chaque soir, la demande en énergie dans la capitale et ses environs oscille entre 260 et 270 mégawatts, alors que la production disponible affiche un déficit compris entre 30 et 50 MW.
Plusieurs facteurs expliqueraient cette situation : la sécheresse qui réduit considérablement la capacité des barrages, des défaillances techniques sur certaines centrales et des opérations de maintenance indispensables mais contraignantes. Pour tenter de combler ce manque, les autorités affirment avoir pris des mesures d’urgence. La remise en état rapide des infrastructures existantes figure parmi les priorités, tout comme la relance de la centrale d’Ambohimanambola fonctionnant au fioul lourd. En parallèle, le gouvernement dit miser sur une diversification de la production grâce aux énergies renouvelables.
Ces annonces interviennent dans un climat social et politique tendu. Deux conseillers municipaux ont récemment été interpellés après avoir organisé une manifestation symbolique devant le Sénat, brandissant des bidons jaunes et des lampes solaires pour illustrer les difficultés vécues par la population. Cet épisode a contribué à amplifier le ressentiment et à alimenter la mobilisation prévue à Ambohijatovo. "Au-delà des contraintes techniques, la crise énergétique à Antananarivo prend désormais une autre dimension. Les coupures répétées d’électricité et d’eau ne se limitent plus à un désagrément quotidien : elles touchent directement la vie économique, fragilisent les petites entreprises, perturbent les services essentiels et mettent en évidence les limites structurelles du secteur", fait remarquer Tiana Andria, dirigeant d'un atelier de réparation automobile.
Alors que les autorités appellent à la patience et promettent des améliorations rapides, la confiance des usagers s’effrite. La manifestation de ce jeudi pourrait ainsi cristalliser une colère populaire et marquer un tournant. Ce qui n’était jusqu’ici perçu que comme une crise technique et sociale pourrait bien se transformer en une contestation plus large, mettant le gouvernement sous pression pour apporter des réponses concrètes et durables. A noter enfin que les étudiants de l’École supérieure polytechnique d’Antananarivo, à Vontovorona, ont déjà manifesté leur mécontentement ce lundi. À l’origine de mouvement d'humeur : une coupure d’électricité de treize heures, exacerbant un sentiment de frustration déjà bien ancré dans la capitale et ses environs.