Le gouvernement malgache affirme être conscient de la nécessité d'accélérer la numérisation et l'intégration de l’usage de l’intelligence artificielle dans la santé publique. Parmi les projets déjà retenus, on peut noter la digitalisation des hôpitaux publics.
L’usage de l’IA en santé publique a été abordé ces derniers mois dans le cadre de réunions, dont celles dédiées à la révision du Plan de travail budgétisé annuel du projet de gouvernance digitale et de gestion de l'identité malagasy (PRODIGY). Les échanges ont permis entre autres de se pencher sur le projet de digitalisation des hôpitaux, piloté par le ministère de la Santé publique et celui du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications. Le Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU HJRA) et le Centre hospitalier universitaire de soins et de santé publique Analakely (CHU SSPA) ont été choisis comme hôpitaux pilotes pour cette initiative, qui vise à établir la bonne gouvernance et la transparence au sein des hôpitaux publics tout en rapprochant les services de santé de la population.
Selon la « Stratégie nationale en santé digitale 2023-2027 », le gouvernement malgache veut utiliser la santé digitale comme un catalyseur pour assurer une offre de soins de qualité à travers la prise en charge des patients, la continuité des soins, la surveillance, la formation, le partage des informations, la facilitation d'échanges et la gestion de données. L’exécutif espère ainsi réaliser sa vision de « réduire la morbidité et la mortalité causées par les maladies et les évènements défavorables à la santé en contribuant à un meilleur état de santé de la population Malagasy ».
Cette vision est validée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Un rapport d'étude de cet organe onusien souligne que la santé numérique pourrait constituer une opportunité pour le développement des systèmes de santé africains, en raison notamment de la croissance du taux de pénétration de la téléphonie mobile et des usages associés. Selon toujours le PNUD, le numérique permettra d’élargir la couverture sanitaire universelle en réduisant des barrières comme le coût, l’accès difficile ou la qualité des soins insuffisante. Il contribuera aussi à diversifier les services, notamment dans les régions où les infrastructures et le personnel médical sont rares ou inexistants.
A savoir que le système de santé à Madagascar est confronté à plusieurs défis majeurs. Il s’agit notamment de l’éloignement géographique ou de l’accès difficile aux populations à desservir, du manque de ressources humaines, matérielles et financières, d’une qualité de soins encore insuffisante malgré les efforts de formation, ainsi que d’une faible qualité des données, limitant une prise de décision éclairée et réactive. Si l’intégration des systèmes peut contribuer à atténuer certains de ces problèmes, il est essentiel de rappeler que la numérisation doit être généralisée à l’ensemble des établissements de santé du pays. Cela implique également un accès fiable à Internet, la disponibilité d’équipements numériques adaptés, et le renforcement des compétences numériques des agents de santé.