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UN MILLION DE TOURISTES EN 2028 | Un objectif hors de portée ?

Madagascar s’est fixé une ambition de taille : accueillir un million de touristes internationaux d’ici à 2028, soit près de trois fois le nombre de "vrais touristes" que la Grande Ile enregistre actuellement. Mais la Grande Ile est-elle sur la bonne trajectoire ?Madagascar s’est fixé une ambition de taille : accueillir un million de touristes internationaux d’ici à 2028, soit près de trois fois le nombre de "vrais touristes" que la Grande Ile enregistre actuellement. Mais la Grande Ile est-elle sur la bonne trajectoire ?


Madagascar s’est fixé une ambition de taille : accueillir un million de touristes internationaux d’ici à 2028, soit près de trois fois le nombre de "vrais touristes" que la Grande Ile enregistre actuellement. Mais la Grande Ile est-elle sur la bonne trajectoire ?


Dans un contexte où le secteur touristique est perçu comme un levier majeur de développement économique et social, cet objectif symbolique traduit une volonté affirmée de repositionner la destination sur la carte mondiale du tourisme. Pourtant, entre ambitions politiques et réalités du terrain, la route s’annonce semée d’embûches. Avec ses paysages uniques, sa biodiversité exceptionnelle et sa richesse culturelle, Madagascar dispose d’atouts touristiques incontestables. Les lémuriens, les baobabs, les plages vierges et les parcs nationaux classés attirent déjà une clientèle internationale curieuse d’expériences authentiques. 


Toutefois, le potentiel est jusqu'ici loin d’être pleinement exploité. Les chiffres sont bien en-deçà de ceux des voisins de l’océan Indien comme Maurice. Pourtant, atteindre le million de touristes représenterait une véritable révolution : des recettes accrues en devises, des milliers d’emplois directs et indirects créés, et un effet d’entraînement sur des secteurs connexes comme l’artisanat, l’agriculture, les transports et la restauration. L’un des principaux freins reste l’accessibilité. Madagascar souffre d’une connectivité aérienne encore trop limitée, tant en termes de réseaux que de fréquence des vols. La compagnie nationale Madagascar Airlines peine à acter son véritable décollage. Le manque de liaisons directes avec l’Europe, l’Asie ou l’Afrique de l’Est réduit considérablement la capacité du pays à attirer un flux touristique diversifié. Certes, des efforts sont faits pour développer de nouveaux partenariats avec des compagnies étrangères et améliorer l’accueil dans les aéroports, mais le chemin reste long. Sans une politique ambitieuse d’ouverture aérienne et une gestion efficace des infrastructures aéroportuaires, le million de visiteurs risque de rester une promesse.



Une notoriété à booster 


La notoriété de Madagascar à l’international demeure paradoxalement faible, malgré la relative richesse de son offre. Là où Maurice ou La Réunion investissent massivement dans des campagnes de communication ciblées, Madagascar peine à déployer une stratégie marketing cohérente et percutante. Les salons internationaux du tourisme ou les campagnes digitales sont des leviers encore trop peu exploités. Pourtant, à l’heure des réseaux sociaux et des influenceurs voyage, le pays dispose d’un terrain favorable pour séduire une clientèle en quête d’authenticité et de nature. Le pays rêve de devenir le Costa Rica de l'océan Indien, une destination nature qui séduit trois millions de visiteurs chaque année. Mais les observateurs notent que l’image de marque de Madagascar souffre encore de clichés liés à l’instabilité politique ou à l’insuffisance des infrastructures, ce qui freine son attractivité. 



l’image de marque de Madagascar souffre encore de clichés liés à l’instabilité politique ou à l’insuffisance des infrastructures, ce qui freine son attractivité


Le défi est également interne. Pour accueillir un million de touristes, encore faut-il disposer d’infrastructures adaptées. Or, l’offre hôtelière reste concentrée sur quelques pôles comme Antananarivo, Nosy Be ou Toliara, laissant de vastes zones du pays difficilement accessibles aux visiteurs. Les routes, très souvent en mauvais état, compliquent les déplacements intérieurs et limitent la diversification des circuits touristiques. Le pays doit investir massivement dans les infrastructures de base : hébergements intermédiaires, routes, signalétique touristique, services de santé et sécurité... Les infrastructures aéroportuaires dans les régions peinent à s'arrimer aux nouveaux enjeux. La question de la durabilité est aussi cruciale : comment développer le tourisme sans menacer les écosystèmes fragiles qui font justement la singularité de Madagascar ?



La question de la gouvernance


Un autre obstacle réside dans la gouvernance du secteur. De nombreux acteurs – ministères, offices de tourisme, collectivités, opérateurs privés et partenaires techniques et financiers – interviennent, mais la coordination et la cohérence des politiques restent limitées. Nombre de professionnels dénoncent un manque de vision claire, des décisions parfois improvisées et une absence d’objectifs mesurables. On attend toujours l'arrivée du nouveau code du tourisme ou encore l'appropriation du cadre statistique international standardisé qu'est le Compte Satellite du Tourisme (CST). Tout le monde s'accorde sur le fait que la mise en place d’une gouvernance modernisée, capable d’associer tous les acteurs autour d’une feuille de route commune est indispensable. Cela suppose des mécanismes de suivi, des indicateurs précis et une volonté politique forte de faire du tourisme une priorité nationale et non un slogan ponctuel.


... les efforts actuels – qu’il s’agisse de la promotion, des infrastructures ou de la connectivité – restent trop modestes pour espérer multiplier par deux ou trois le nombre de visiteurs en seulement quelques années.


Face à ces défis, certains experts se montrent sceptiques. Ils estiment que les efforts actuels – qu’il s’agisse de la promotion, des infrastructures ou de la connectivité – restent trop modestes pour espérer multiplier par deux ou trois le nombre de visiteurs en seulement quelques années. D’autres, plus optimistes, considèrent que le potentiel de Madagascar est tel qu’avec une stratégie claire, des investissements ciblés et une véritable volonté politique, le pays pourrait relever ce pari. Quoi qu’il en soit, le compte à rebours est lancé. Le million de touristes en 2028 sera un test grandeur nature de la capacité de Madagascar à transformer ses promesses en résultats tangibles. 


Plus qu’un chiffre, il s’agit de savoir si la Grande Île est prête à inscrire durablement le tourisme comme moteur de son développement. C'est dans ce contexte que le 27 septembre prochain, Madagascar Newsroom publiera un cahier spécial "Tourisme et Aérien". Ce sera un document inédit qui mettra en lumière l'état des lieux et les perspectives du secteur du tourisme et de l'aérien, donnera la parole à des experts et des analystes de premier plan pour disséquer les forces et les faiblesses de la destination, les lacunes qui mettent à mal la gouvernance du secteur, les initiatives inspirantes ainsi que les défis à relever pour atteindre le fameux cap du million de touristes internationaux.