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DROITS DE DOUANE US | Des exemptions bien accueillies par l'industrie extractive

L’évolution récente de la politique commerciale américaine continue de susciter des remous à l’échelle mondiale. Mais les exemptions annoncées dernièrement par le président Donald Trump concernant certains métaux stratégiques pourraient redonner le sourire à des pays africains exportateurs, dont Madagascar.


L’évolution récente de la politique commerciale américaine continue de susciter des remous à l’échelle mondiale. Mais les exemptions annoncées dernièrement par le président Donald Trump concernant certains métaux stratégiques pourraient redonner le sourire à des pays africains exportateurs, dont Madagascar.


Le décret exécutif signé le 8 septembre exonère l’or, le tungstène, l’uranium, le graphite et quelques autres minerais des droits de douane instaurés au printemps dernier. Selon l’administration américaine, cette décision vise à sécuriser l’approvisionnement en intrants essentiels pour l’aéronautique, l’électronique, l’énergie et les dispositifs médicaux. « Nécessaire et appropriée », la mesure répond à l’« urgence nationale » invoquée pour justifier la mise en place des taxes globales. Cette annonce intervient dans un contexte de forte volatilité sur les marchés des matières premières


Au premier semestre 2025, les métaux précieux ont flambé, dopés par les incertitudes géopolitiques. L’or, valeur refuge par excellence, a atteint un niveau historique de 3 500 dollars l’once, tandis que l’argent a également enregistré des gains notables. À l’inverse, les métaux industriels, comme le nickel, ont subi des pressions à la baisse, pénalisés par le ralentissement de la demande mondiale. Pour nombre de pays africains, dont Madagascar, les conséquences potentielles de cette exemption sont considérables. En étant épargnés, pour certains produits miniers, par les nouveaux droits de douane, ces pays évitent un surcoût qui aurait pu fragiliser significativement leur compétitivité sur le marché américain. Cette brèche dans le protectionnisme de Washington pourrait donc se traduire par des recettes d’exportation moins impactées.


Les prochaines semaines seront décisives pour évaluer l’ampleur de l’impact de ces exemptions. Les marchés suivront de près l’évolution des prix, tandis que les gouvernements africains chercheront à capitaliser sur cette ouverture pour renforcer leurs parts de marché. Mais rien ne garantit que cette orientation se pérennise : elle pourrait n’être qu’un ajustement temporaire au service des intérêts américains. Un rapport publié en août dernier par ODI Global rappelle d’ailleurs la fragilité des économies émergentes face à ce tournant protectionniste. Selon l’étude, les pays à revenu faible et intermédiaire pourraient perdre jusqu’à 89 milliards de dollars par an en raison de la baisse de leurs exportations vers les États-Unis


Selon un observateur averti de l'économie minière de la Grande Ile, le fait que le graphite fasse partie de la liste des ressources qui ont été exemptées de droits de douane par l'administration Trump constitue malgré tout une bonne nouvelle pour le secteur extractif malgache. Le graphite ayant joué un rôle de moteur ces dernières années : ses exportations ont augmenté de 166,8 %, atteignant plus de 60 000 tonnes pour une valeur FOB de 125 milliards d’ariary. Une hausse qui tend à se maintenir. Notons que le nickel, le cobalt et l'ilménite figurent également dans la liste. Mais si l’exemption américaine constitue une bouffée d’air bienvenue pour certaines filières minières, elle ne dissipe pas les nuages qui s’amoncellent sur le commerce international. Madagascar, comme de nombreux pays du continent, plus que jamais, devra diversifier ses débouchés et renforcer ses propres chaînes de valeur pour réduire sa dépendance aux aléas de la politique économique américaine.