Alors que la session budgétaire vient de s’ouvrir à Tsimbazaza, de nombreuses questions se posent concernant le projet de loi de finances (PLF) 2026. Préparé sous la précédente administration, le texte devrait être entièrement revu avant sa présentation au Parlement.
Les événements qui se sont déroulés ces dernières semaines, et qui ont abouti au renversement du régime Rajoelina, ont un impact budgétaire certain. Les impacts économiques du mouvement populaire mais aussi les nouvelles priorités fixées par le nouveau Chef de l'Etat sont parmi les éléments à prendre désormais en compte. Pour rappel, la lettre de cadrage prévoyait une croissance de 4,8 % pour l’année prochaine. Mais la donne a changé. Dans ce contexte, la révision des prévisions de croissance et de recettes paraît nécessaire, tout comme l'importance d'allouer plus de ressources aux secteurs sociaux.
Le nouveau projet budgétaire devra également tenir compte des incertitudes entourant les aides financières internationales. Les décaissements attendus du Fonds monétaire international (FMI), à travers la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), restent suspendus aux évolutions diplomatiques. Les institutions de Bretton Woods n’ont pas encore réagi officiellement au changement de pouvoir à Madagascar. "Si la présence remarquée de nombreux ambassadeurs à la prestation de serment du colonel Michaël Randrianirina laisse espérer une continuité de la coopération internationale, la prudence reste de mise", fait constater un diplomate qui ne cache pas cependant son optimiste.
Les financements extérieurs étant soumis à diverses conditionnalités, il serait risqué, dans la situation actuelle, de fonder la politique budgétaire sur les aides extérieures. D’autant que le pays attend encore la nomination de son nouveau gouvernement. Ce dernier devrait s’accompagner d’un nouvel organigramme ministériel, ce qui nécessitera une redistribution des allocations budgétaires. Le projet de loi de finances conçu par l’équipe sortante devra ainsi être ajusté pour s’aligner sur les nouvelles priorités et la structure institutionnelle à venir. Dans son discours de prestation de serment, le numéro un du Conseil présidentiel de la fondation de la République a donné le ton : la future politique budgétaire sera placée sous le signe de la sobriété et de la responsabilité. Il a affirmé vouloir limiter les dépenses publiques « aux besoins prioritaires et vitaux de la population ».
Aussi, les efforts immédiats porteront sur quatre secteurs essentiels : l’énergie et l'eau, le soutien aux couches les plus démunies, l’éducation et la santé publique. Selon un analyste de longue date de la vie publique malgache, cette orientation devrait marquer une volonté de recentrer l’action de l’État sur les services de base, tout en restaurant la confiance des partenaires internationaux. Le futur projet de loi de finances 2026, qui sera l’un des premiers tests du pouvoir de transition, devra ainsi concilier réalisme économique, rigueur budgétaire et impératifs sociaux, dans un contexte politique encore fragile mais porteur d’espoir de redressement et de changement.



