La Fédération des Hôteliers et Restaurateurs de Madagascar (FHORM) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué diffusé cette semaine, elle interpelle les autorités sur les conséquences économiques du couvre-feu actuellement en vigueur dans la capitale et plusieurs grandes villes du pays.
Selon la FHORM, cette mesure, bien que justifiée par le contexte sécuritaire, met en péril la survie de nombreuses entreprises touristiques déjà fragilisées par les crises successives. « Face au contexte sécuritaire actuel, les entreprises subissent de plein fouet les conséquences du couvre-feu, qui limite considérablement leurs activités, leurs revenus et leur stabilité. Nous appelons ainsi à un allègement progressif du couvre-feu, de 23h à 4h du matin, jusqu’à sa levée complète », déclare la FHORM. L’organisation professionnelle souligne que cette révision permettrait de préserver des milliers d’emplois menacés et de soutenir la relance du secteur touristique, moteur essentiel de l’économie malgache.
Pour rappel, le couvre-feu avait été instauré à la suite des événements survenus dans la nuit du 25 septembre 2025. Ce soir-là, plusieurs centres commerciaux, magasins et entreprises de la capitale ont été pillés et saccagés, entraînant des pertes évaluées à plusieurs dizaines de milliards d’ariary et la suppression de nombreux emplois. Pour rétablir le calme, la Préfecture d’Antananarivo avait imposé un couvre-feu entre 19 heures et 5 heures du matin. La mesure a ensuite été élargie à d’autres grandes villes du pays — Antsirabe, Mahajanga, Antsiranana et Toliara — avant d’être légèrement assouplie par l’Organe mixte de conception nationale (OMC-NAT), qui l’a fixée entre 20 heures et 4 heures du matin.
Si ces restrictions ont permis de contenir les tensions, elles pèsent désormais lourdement sur l’activité économique. Les établissements hôteliers, les restaurants et les bars, dont la clientèle se concentre en soirée, sont les plus touchés. Pour la FHORM, il est urgent de concilier sécurité publique et survie économique. « La sécurité des citoyens reste une priorité absolue, mais il est tout aussi crucial de préserver la sécurité économique et sociale de notre population. Une économie qui s’effondre fragilise tout le pays, y compris sa stabilité », rappelle la fédération.
Une question de survie
Le secteur du tourisme, hôtellerie et restauration, qui vient tout juste de sortir de la crise pandémique, voit dans cet appel une question de survie. La FHORM plaide pour un dialogue ouvert avec les autorités afin d’adapter les horaires du couvre-feu et de soutenir la relance de l’activité. « En toile de fond, c’est tout un pan de l’économie malgache qui joue sa résilience. Si les mesures de sécurité demeurent nécessaires, leur maintien prolongé sans ajustement risquerait d’aggraver la crise sociale et d’effacer les timides progrès enregistrés depuis la reprise post-pandémique. Trouver le juste équilibre entre stabilité et relance apparaît aujourd’hui comme une urgence nationale », soutient un consultant qui opère dans l'accompagnement des PME.
A savoir enfin que la FHORM, qui compte plus de 300 professionnels du secteur et actuellement présidée par Johann Pless, joue depuis des années un rôle crucial en tant que catalyseur du développement du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration à Madagascar. « En tant qu’organisation dynamique et influente, nous nous sommes engagés à façonner le paysage du tourisme et de l’hôtellerie sur l’île en valorisant la qualité, le service et l’authenticité des offres contribuant à établir Madagascar comme une destination incontournable dans l’océan Indien pour les voyageurs du monde entier », explique l'organisation sur sa plateforme en ligne.