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MOUVEMENT DE CONTESTATION | Les artistes jouent leur partition

À Madagascar, un souffle nouveau traverse les rues, les réseaux sociaux et les lieux de rassemblement : celui de la jeunesse, déterminée à obtenir un changement profond dans la gouvernance du pays. Face à cette vague contestataire, les artistes malgaches – musiciens, poètes, slameurs, peintres et cinéastes – jouent un rôle loin d'être négligeable, tantôt en porte-voix, tantôt en catalyseurs d’une prise de conscience collective.


À Madagascar, un souffle nouveau traverse les rues, les réseaux sociaux et les lieux de rassemblement : celui de la jeunesse, déterminée à obtenir un changement profond dans la gouvernance du pays. Face à cette vague contestataire, les artistes malgaches – musiciens, poètes, slameurs, peintres et cinéastes – jouent un rôle loin d'être négligeable, tantôt en porte-voix, tantôt en catalyseurs d’une prise de conscience collective.


Depuis toujours, l’art a été un vecteur de résistance et d’expression des frustrations sociales. Dans le contexte actuel, où la défiance vis-à-vis des institutions s'invite dans la rue, les artistes malgaches apparaissent comme les témoins privilégiés des difficultés de la population. À travers leurs œuvres, ils traduisent les aspirations d’une jeunesse confrontée à la pauvreté, au chômage et à l’absence de perspectives, tout en donnant un sens et une forme aux revendications. Le mouvement contestataire en cours n’est pas uniquement politique : il est aussi culturel. Les jeunes générations s'approprient la musique urbaine, le slam ou encore le rap pour dénoncer la corruption, l’injustice et les inégalités


Ces genres, qui s’ancrent dans la rue et dans le vécu quotidien, résonnent fortement avec une population avide de messages clairs et authentiques. Les artistes, en puisant dans leur légitimité sociale, créent des espaces de débat que la sphère politique peine à ouvrir. Certains musiciens engagés n’hésitent pas à utiliser des métaphores inspirées de la tradition orale pour délivrer des messages percutants. Même le hira gasy, art théâtral et musical ancestral, se modernise et intègre des thèmes liés à la gouvernance, aux droits citoyens ou encore à l’avenir de la jeunesse. Cette hybridation entre culture traditionnelle et formes artistiques contemporaines contribue à renforcer l’ancrage des revendications dans l’identité malgache elle-même.


Un rôle d’« éclaireurs sociaux » 


Pour nombre d’observateurs, les artistes jouent aujourd’hui un rôle d’« éclaireurs sociaux » et d'appui de taille au mouvement social initié par les jeunes. Ils rappellent que le changement ne se limite pas à la sphère institutionnelle, mais qu’il doit s’enraciner dans une transformation des mentalités. Par leurs chansons, leurs textes, leurs performances et leur prise de position, ils suscitent des discussions au sein des familles, des quartiers et jusque dans les zones rurales. "En ce sens, l’art devient une passerelle entre les générations et un langage commun entre les différentes couches", opine un sociologue, également musicien.



Pour nombre d’observateurs, les artistes jouent aujourd’hui un rôle d’« éclaireurs sociaux » et d'appui de taille au mouvement social initié par les jeunes.


À l’heure où la jeunesse malgache réclame un renouveau politique et institutionnel, les artistes s’affirment comme des alliés stratégiques de cette dynamique. Ils portent la mémoire collective tout en incarnant l’espoir d’un avenir différent. Leurs voix, parfois poétiques, parfois rageuses, rappellent que l’art ne se limite pas au divertissement : il est aussi un instrument de contestation et de construction citoyenne. De nombreux artistes sont déjà sortis du bois pour affirmer publiquement leur soutien au mouvement lancé par la Gen Z. Du rappeur très engagé Bolo aux populaires groupes Ambondrona, Reko Band et Oladad, en passant par Bodo, Stéphanie, Marion, Melky, Nate Tex, Y-zit ou encore Theo Rakotovao, nombre d'entre eux ont été aperçus dans les manifestations. D'autres acteurs culturels de premier plan, comme Michèle Rakotoson, Johary Ravaloson, Jean-Luc Raharimanana ou Fanja Andriamanantena, sont aussi actifs sur les réseaux sociaux et dans les médias d'ici et d'ailleurs.


A savoir enfin qu'une trentaine d'artistes étaient présents ce jeudi au Kianjan’ny Kanto de Mahamasina lors d'une rencontre avec la presse axée sur la situation actuelle du pays.  « Nous allons formuler une demande écrite officielle pour obtenir l’autorisation d’accéder à la place du 13 mai et à Ambohijatovo, car ce sont des lieux historiques dans l’histoire du pays », a aussi déclaré le porte-parole des artistes présents. Cette annonce intervient alors que le mouvement populaire devrait s'intensifier à partir de ce vendredi avec une participation renforcée des syndicats et des groupements politiques.