Face à une crise persistante dans la filière vanille, le gouvernement malgache affirme vouloir agir de manière décisive. Marquée par une surproduction, l’effondrement des prix et un manque de transparence dans la gestion de certains mécanismes, cette filière stratégique pour l’économie nationale traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire récente.
La semaine écoulée, une réunion de concertation de haut niveau s’est tenue à la Primature, sous la présidence du Premier ministre Herintsalama Andriamasy Rajaonarivelo, réunissant les ministères concernés, ainsi que les représentants des planteurs, collecteurs et exportateurs. À l’issue de ces échanges, plusieurs mesures structurantes ont été annoncées. Première décision majeure : la dissolution du Conseil National de la Vanille (CNV), institution accusée de dysfonctionnements et de manque de transparence dans la régulation du marché. Cette dissolution vise à ouvrir la voie à une restructuration plus claire et plus équitable des organes de pilotage de la filière vanille.
En parallèle, le gouvernement a décidé de lancer un audit global du secteur vanille afin d’évaluer l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur : de la production à l’exportation, en passant par la fixation des prix et la distribution des revenus. Selon les explications fournies, cet audit permettra d’identifier les zones d’opacité et les pratiques anticoncurrentielles qui fragilisent la filière et nuisent à l’image de la vanille malgache sur les marchés internationaux. Autre avancée mise en avant : la publication des critères d’attribution des agréments, une mesure réclamée de longue date par les acteurs du terrain. L'objectif annoncé est d'instaurer une plus grande transparence et une concurrence loyale, notamment dans les processus d’exportation. Le gouvernement entend ainsi mettre fin aux soupçons de favoritisme et aux dérives qui ont contribué à déstabiliser le secteur.
Pour faciliter les démarches administratives, un guichet unique sera également mis en place. Cet outil centralisé permettra de simplifier les procédures liées à la production, la certification et l’exportation de la vanille, tout en renforçant le suivi et la traçabilité des opérations. Cette modernisation administrative s’inscrit dans une volonté plus large de digitaliser et professionnaliser la filière. Enfin, un plan d’action de 12 à 18 mois sera déployé pour relancer la compétitivité de la vanille malgache sur les marchés mondiaux. Le but étant de garantir une meilleure redistribution des revenus entre tous les acteurs – producteurs, collecteurs, transformateurs et exportateurs – et à restaurer la réputation d’excellence du produit phare de Madagascar.
Le gouvernement soutient que par cette série de décisions, les autorités démontrent leur volonté d'assainir le secteur et de redonner confiance aux opérateurs économiques. "En s’attaquant aux racines du problème – gouvernance, transparence et équité –, le gouvernement entend poser les bases d’une reconstruction durable de la filière vanille, pilier de l’économie et symbole du savoir-faire malgache", a commenté un cadre du ministère en charge du commerce qui a pris part à la rencontre tenue à la Primature. Mais ces mesures suffiront-elles à relancer la filière ? D'après un exportateur basé à Sambava, c'est déjà un bon début de réforme mais il qu'il faudrait du temps pour l'amélioration des pratiques à tous les niveaux...
