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GRAPHITE | Face aux turbulences du marché

Le marché mondial du graphite traverse une période de turbulences. Depuis 2023, une offre excédentaire en Chine pèse lourdement sur les prix, affaiblissant l’attractivité de nouveaux projets et menaçant la rentabilité des producteurs hors du continent asiatique.


Le marché mondial du graphite traverse une période de turbulences. Depuis 2023, une offre excédentaire en Chine pèse lourdement sur les prix, affaiblissant l’attractivité de nouveaux projets et menaçant la rentabilité des producteurs hors du continent asiatique. Pourtant, à long terme, les perspectives demeurent encourageantes, notamment pour les acteurs opérant en Afrique et à Madagascar.


Le 29 octobre 2025, la compagnie canadienne NextSource Materials, exploitante de la mine de graphite Molo à Madagascar, a annoncé la mise en place d’une facilité de crédit pouvant atteindre 10 millions de dollars américains. Ce financement, octroyé par son principal actionnaire Vision Blue Resources, servira à soutenir le processus décisionnel menant à la construction d’une usine d’anodes de batteries aux Émirats arabes unis. L’objectif : se diversifier vers la transformation locale et la création de valeur ajoutée, dans un contexte de marché particulièrement morose. Selon les explications fournies, cette initiative illustre la détermination des compagnies minières africaines à poursuivre leurs développements malgré une conjoncture difficile. 


Le rapport trimestriel de Syrah Resources, publié le 28 octobre, met en lumière les défis auxquels elles font face. L’entreprise australienne, propriétaire de la mine de Balama au Mozambique — la plus grande du continent —, explique que la demande et les prix du graphite naturel sont plombés par la surabondance de graphite synthétique chinois. Selon Benchmark Mineral Intelligence, la Chine détient déjà 70 % de la production mondiale de graphite naturel et domine également celle du graphite synthétique, deux composantes essentielles à la fabrication des anodes pour batteries électriques.


L’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son Global Critical Minerals Outlook 2025, souligne que les fabricants d’anodes privilégient désormais le graphite synthétique, dont la consommation a bondi de 30 % en 2024, contre seulement 8 % pour le marché global. Cette tendance s’explique par une production chinoise d’anodes synthétiques en pleine expansion, tirant les prix vers le bas. En juillet 2024, le coût du graphite naturel est passé sous celui du synthétique — une première en trois ans — avant de reculer de 20 % sur l’ensemble de l’année, selon les données de Benchmark et de l’AIE. Face à cette pression, Syrah Resources a dû réduire ses activités à Balama depuis 2023, ajustant la production à la demande des clients. NextSource connaît un sort similaire à Madagascar : deux ans après la mise en service de Molo, la mine n’a pas encore atteint sa capacité nominale de 17 000 tonnes par an. En février 2025, la société reconnaissait que les « conditions de marché difficiles » freinaient ses progrès.


À ces contraintes économiques s’ajoutent des difficultés techniques et logistiques. Tirupati Graphite, autre acteur majeur présent à Madagascar, en est un exemple éloquent. L’entreprise, qui exploite les sites de Vatomina et Sahamamy, a subi depuis 2024 une série de revers opérationnels : intempéries, pannes répétées et problèmes d’approvisionnement en pièces détachées ont ralenti sa production. Malgré tout, les producteurs opérant en Afrique et à Madagascar maintiennent le cap. En cherchant à renforcer la transformation locale, à attirer de nouveaux financements et à diversifier leurs débouchés, ils s’imposent progressivement comme des acteurs stratégiques de la future chaîne mondiale des batteries — un secteur où le graphite, qu’il soit naturel ou synthétique, restera un maillon indispensable.