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DIPLOMATIE | Pourquoi l'Union africaine change-t-elle de ton ?

Un changement discret de vocabulaire peut parfois révéler une évolution majeure dans les relations internationales. C’est le cas de la récente décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA), qui a officiellement cessé d’utiliser les termes de « coup d’État militaire » et de « changement anticonstitutionnel de gouvernement » pour désigner la situation politique à Madagascar. Désormais, l’organisation parle simplement des « autorités malgaches ».


Un changement discret de vocabulaire peut parfois révéler une évolution majeure dans les relations internationales. C’est le cas de la récente décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA), qui a officiellement cessé d’utiliser les termes de « coup d’État militaire » et de « changement anticonstitutionnel de gouvernement » pour désigner la situation politique à Madagascar. Désormais, l’organisation parle simplement des « autorités malgaches ». Selon les observateurs, ce choix sémantique est lourd de sens, marquant un infléchissement notable dans la position diplomatique de l’UA vis-à-vis de la Grande Île.


Les mêmes observateurs estiment que l'organisation continentale estime que l'UA a choisi le pragmatisme par rapport à la réalité sur le terrain. Une évolution du langage qui s’accompagne de mesures concrètes. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine a en effet décidé de lever les sanctions d’isolement qui frappaient Madagascar sur les plans continental et international. Ces sanctions avaient notamment entraîné une marginalisation politique du pays dans plusieurs instances africaines, limitant ses possibilités de coopération et d’influence. Leur levée ouvre désormais la voie à un réengagement progressif sur la scène africaine.


Au-delà de cet allègement diplomatique, l’UA encourage également ses États membres à soutenir activement Madagascar sur le plan technique et financier, notamment à travers la Facilité africaine de soutien aux transitions inclusives (FASTI). Ce mécanisme vise à accompagner les pays confrontés à des transitions politiques sensibles, en favorisant le dialogue inclusif, la réforme institutionnelle et la stabilisation durable. L’UA appelle également les autorités malgaches à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité politique, souvent enracinées dans les fragilités structurelles, la gouvernance, les inégalités sociales et la faiblesse des institutions.


Toutefois, ce geste d’ouverture ne signifie pas un retour immédiat et complet dans le giron institutionnel de l’Union africaine. Le Conseil de Paix et de Sécurité maintient pour l’instant l’interdiction de participation de Madagascar aux réunions officielles de l’organisation. Un retour total au sein des organes décisionnels reste conditionné à la mise en place d’une feuille de route claire, consensuelle et inclusive. Cette feuille de route devra être assortie d’un calendrier précis menant à un rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel, gage de stabilité politique durable.


"Ce choix de prudence illustre la stratégie d’équilibre adoptée par l’UA : encourager l’apaisement et la normalisation, tout en maintenant une pression politique afin d’éviter l’enracinement d’une transition prolongée sans perspectives démocratiques claires. L’organisation continentale se positionne ainsi à la fois comme partenaire et comme garant des principes constitutionnels", a commenté un diplomate européen en poste dans la Grande Ile. Pour Madagascar, cette évolution constitue une opportunité majeure. La levée de l’isolement diplomatique peut faciliter l’accès aux mécanismes de financement, renforcer la coopération régionale et restaurer la crédibilité internationale du pays


Mais des analystes soutiennent que ces avancées resteront fragiles si elles ne s’accompagnent pas de réformes politiques profondes, capables de répondre aux attentes de la population en matière de stabilité, de démocratie et de développement. En somme, le changement de ton de l’Union africaine marque une nouvelle étape dans la transition malgache. Il ouvre la porte à une normalisation progressive, tout en rappelant que seule une solution politique inclusive et durable permettra à Madagascar de tourner définitivement la page de l’instabilité.