Après une période prolongée de difficultés, la filière vanille montrerait des signes encourageants de reprise. Ces dernières semaines, les principaux indicateurs économiques ont enregistré une amélioration notable, portée notamment par la hausse des prix sur le marché local et le retour progressif des acheteurs internationaux. Cette dynamique redonne de l’espoir aux producteurs et aux acteurs de la chaîne de valeur, longtemps fragilisés par l’instabilité du secteur.
Le prix de la vanille noire illustre clairement cette tendance positive. Début novembre, le kilo se négociait autour de 60 000 ariary. Actuellement, il atteint environ 140 000 ariary, soit une augmentation spectaculaire de plus de 133 %. Cette forte progression traduit un regain d’intérêt pour un produit phare de l’économie agricole malgache, réputé pour sa qualité sur les marchés internationaux. La vanille rouge suit également cette trajectoire haussière. Son prix est passé de 55 000 ariary à une fourchette comprise entre 65 000 et 80 000 ariary le kilo. Cette évolution représente une augmentation oscillant entre 18 % et 45 %, selon la qualité et les zones de production. Quant à la vanille dite « duite », elle enregistre une hausse comprise entre 40 % et 60 %, son prix ayant évolué de 25 000 ariary à 35 000–40 000 ariary le kilo. Ces chiffres confirment une reprise généralisée du marché.
Pour les autorités, cette embellie est directement liée à la libéralisation de la filière vanille. En assouplissant les règles encadrant les exportations et en favorisant un environnement plus ouvert, le gouvernement a permis le retour des acheteurs étrangers, longtemps dissuadés par les contraintes administratives et le manque de visibilité. La reprise des commandes internationales a ainsi stimulé la demande, entraînant mécaniquement une hausse des prix sur le marché intérieur. Intervenant à l’Assemblée nationale à Tsimbazaza, le député élu à Antalaha, Julien Nasira, a souligné cette évolution positive. Selon lui, les commandes en provenance de l’étranger connaissent une nette reprise, ce qui contribue à redynamiser l’ensemble de la filière, depuis les producteurs jusqu’aux collecteurs et exportateurs.
De son côté, le ministère du Commerce et de la Consommation estime que le redressement de la filière est progressif mais réel. À l’issue de l’atelier Vanille tenu à Sambava les 21 et 22 novembre 2025, les autorités ont mis en avant plusieurs avancées majeures, notamment l’ouverture des agréments d’exportation et l’amélioration de la transparence dans les transactions. Ces mesures ont permis une meilleure structuration du marché et une régulation plus efficace. À terme, cette nouvelle dynamique pourrait générer des retombées économiques positives durables pour les producteurs, améliorer leurs revenus et renforcer la crédibilité de la vanille malgache sur les marchés internationaux.
"Si les efforts de gouvernance et de transparence se poursuivent, la filière vanille pourrait retrouver une place centrale dans l’économie nationale", a commenté Yvon Chan, opérateur économique qui connait bien le marché des produits de rente. Toutefois, certains observateurs estiment que la filière est toujours confrontée à de nombreux défis : montée en puissance des concurrents, notamment l'Ouganda, développement du marché de la vanilline synthétique, problèmes climatiques, insécurité, infrastructures de base en mauvais état...
