Face à une déforestation persistante et préoccupante, Madagascar envisage de renforcer sa stratégie misant sur les solutions technologiques innovantes pour accélérer la restauration de ses paysages forestiers. Le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) affirme être actuellement en discussions avancées avec Arial Metrics, une entreprise locale spécialisée dans l’utilisation de drones pour divers secteurs d’activité.
Selon les explications fournies, l’objectif premier est de tester le semis aérien par drone, une méthode qui pourrait révolutionner les campagnes de reboisement de la Grande Île. Dans un communiqué, le ministère précise que les parties cherchent à établir une collaboration technique afin de lancer prochainement les premiers essais à grande échelle. Le recours aux drones permettrait d’intervenir rapidement sur des zones difficiles d’accès, souvent inaccessibles aux équipes au sol, tout en augmentant la cadence de plantation. Le semis aérien, déjà utilisé dans certains pays, offre en effet la possibilité de couvrir de vastes superficies en un temps réduit, tout en optimisant la dispersion des graines.
Le MEDD a aussi indiqué que cette initiative s’inscrit dans la continuité d’une première expérience menée avec succès en 2021. Cette année-là, Madagascar avait réalisé un projet pilote de semis par drone pour la plantation de mangroves dans la région de Boeny. Les résultats concluants avaient démontré le potentiel de la technologie pour renforcer les efforts de restauration écologique, notamment dans les zones côtières menacées. Cependant, la reforestation terrestre, plus complexe que la régénération des mangroves, pose des défis techniques supplémentaires. Les drones doivent s’adapter à la diversité des essences, des sols et du relief. La question demeure donc : cette méthode innovante pourra-t-elle être déployée efficacement à grande échelle sur l’ensemble de l’île ? Les prochains tests permettront d’apporter des premières réponses.
L’enjeu est immense. Selon la FAO, Madagascar a perdu 11 % de sa couverture forestière entre 2015 et 2025, soit une baisse de 11,1 millions d’hectares à 9,9 millions. Cette diminution, alimentée par la pression agricole, l’exploitation illégale du bois, les feux de brousse et la croissance démographique, menace la biodiversité exceptionnelle du pays, l’une des plus riches au monde. Elle fragilise également les populations rurales, dépendantes des ressources naturelles pour leur subsistance. Afin de faire face à cette situation, Madagascar s’est engagé, dans le cadre de l’Initiative africaine de restauration des paysages forestiers (AFR100), à restaurer 4 millions d’hectares de forêts et terres agricoles d’ici 2030. En 2023, seuls 1,5 million d’hectares étaient en cours de restauration, soit moins de 40 % de l’objectif. À ce rythme, atteindre la cible fixée semble difficile sans un changement d’échelle ou l’adoption de nouvelles méthodes.
C’est dans ce contexte que l’intégration des drones dans les campagnes annuelles de reboisement pourrait représenter un tournant. Chaque année, celles-ci débutent en novembre et s’étendent sur cinq mois, mobilisant administrations, communautés locales et organisations civiles. Si les essais annoncés sont concluants, Madagascar pourrait devenir l’un des pionniers africains du reboisement assisté par drones. Entre innovation technologique et urgence écologique, le pays cherche ainsi à conjuguer modernité et protection de son patrimoine naturel. La réussite de cette collaboration entre le MEDD et Arial Metrics pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de reforestation plus rapide, plus efficace et mieux adaptée aux réalités du terrain.



