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CACAO DE MADAGASCAR | Zoom sur une filière en mutation



Existant depuis l’époque des Aztèques et des Mayas, le cacaoyer est devenu une fierté pour Madagascar. Les grands chocolatiers reconnaissent le côté exceptionnel du cacao fin malgache qui dispose depuis 6 ans d’un label délivré par l’International Cocoa Organization (ICCO). Et la filière cacao de la Grande Ile est toujours dans une phase de mutation qui, à terme, devrait renforcer davantage sa position en tant que parmi les principaux contributeurs économiques du pays tout en étant une référence en matière de développement inclusif et vert.

Rappelons qu’un important effort de recherches génomiques et aromatiques a été réalisé sur plus de 400 plants de cacao de la plantation Millot (à Andzavibe dans le Nord de l’île). L’étude a montré que le matériel génétique des cacaos de Madagascar est dominé par les Amelonados et les Criollos. Il a été aussi démontré que non seulement l’arôme du cacao est unique au monde mais aussi que chaque cacaoyer a sa propre essence et produit un chocolat à chaque fois différent. Un constat qui conforte ceux qui travaillent actuellement pour transformer la filière.

Valrhona, la chocolaterie française bien connue, fait partie des prestigieuses maisons qui misent sur le cacao de Madagascar. « Nous nous fournissons en fèves de cacao dans 15 pays différents et Madagascar est le seul où l’on peut avoir 100% de cacao fin », a confié Nans Mouret, sourceur de cacao pour le compte de la maison hexagonale. « Quand je suis arrivé à Madagascar, je me suis tout de suite rendu compte qu’on y produit du cacao de qualité pour des raisons évidentes. Cela va du matériel génétique, jusqu’aux processus de fermentation et de savoir-faire », a-t-il aussi rapporté.

Valrhona déniche les fèves les plus rares au monde et fournit les plus grands chefs en chocolats de couverture. De plus, l’enseigne a fait le buzz dernièrement, quand leurs chocolats ont été aperçus dans la cabine de la Station Spatiale Internationale (ISS) avec l’astronaute Thomas Pesquet. Grâce à « Guanaja 70% », composé de sept origines d’exceptions dont Madagascar. «  Le cacao malgache vogue dans les étoiles ! », s’est enthousiasmé l’Economic Dévelopement Board of Madagascar (EDBM).

Confortés par ces témoignages élogieux et les acquis engrangés ces dernières années, les promoteurs d’une filière cacao plus responsable et plus contributeur sur le plan économique avancent leurs pions. A savoir que Madagascar compte quelque 33 000 producteurs et produit environ entre 8 000 et 12 000 tonnes de cacao par an dont la majorité de la production proviennent de la région de Diana et plus particulièrement dans la zone de Sambirano, dans le district d’Ambanja.

L’enjeu est aujourd’hui préserver la qualité exceptionnelle du cacao fin de la Grande Ile, avec l'utilisation des plants sélectionnés pour le renouvellement des plantations vieillissantes, et de devenir un puissant générateur de revenus pour les communautés locales mais aussi d’être un modèle de développement socio-économique local. Sans oublier la nécessité d’augmenter la production tout en maintenant la qualité.

Les Américains à la rescousse


L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a consenti une enveloppe de 5,8 millions USD dans la cadre d’un projet de cinq ans destiné à appuyer la filière cacao de Madagascar. Il s’agit de promouvoir le partenariat public-privé pour redimensionner cette industrie avec comme principal but d’améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs tout en conservant la biodiversité .

Le partenariat, appelé « Alliance Tsiro », s'engage à soutenir plus de 2 000 agriculteurs dans 30 communautés et à planter plus de 1,5 million d'arbres au cours des cinq prochaines années pour soutenir les systèmes agroforestiers et la biodiversité. « L'Alliance représente une plateforme mondiale de développement dont les acteurs travaillent ensemble pour identifier et résoudre les défis du développement grâce à des partenariats mutuellement bénéfiques », soutiennent les Américains.





« L'USAID reconnaît que le secteur privé peut être une force puissante pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et faire progresser les opportunités qui améliorent le bien-être des personnes et des communautés », a déclaré le directeur de la mission de l'USAID Madagascar, John Dunlop qui a ajouté que l'Alliance Tsiro mise notamment sur des entreprises privées locales et internationales et des organisations à but non lucratif ayant des expériences solides dans l'industrie du chocolat fin et des épices.

La plateforme comprend Catholic Relief Services (CRS), la Fine Chocolate Industry Association (FCIA), Beyond Good, Guittard Chocolate , Akesson's Organic et le Heirloom Cacao Preservation Fund (HCP). Le Centre ValBio et le zoo de Bristol serviront de partenaires techniques. « Nous partageons tous les mêmes objectifs d'améliorer la situation économique des agriculteurs, de renforcer l'ensemble du processus, de la culture à la fabrication jusqu'à la vente des produits, et de soutenir la biodiversité dans les écosystèmes uniques nécessaires à la production de ces cultures », selon Jim Hazen, au nom de l'Alliance.
 

Criollo attire toutes les convoitises


Notons en outre que Madagascar abrite une variété patrimoniale unique de cacao appelée Criollo. Ce type de cacao rare est célèbre pour sa saveur fruitée et a attiré l'attention de nombreuses de la filière. Criollo a besoin d'ombre pour pousser, c'est pourquoi le projet soutenu par l’USAID compte planter plus de 1,5 million d'arbres entre les fragments forestiers des corridors forestiers de Tsaratanana et Fandriana Vondorozo. Ces zones seront aménagées pour produire du cacao et des épices dans un système agroforestier mixte qui répond aux conditions imposées pour la conservation de la biodiversité, mais devront aussi les ambitions commerciales des entreprises.




« Ces systèmes agroforestiers sont une solution gagnant-gagnant », rassure-t-on du côté du Bureau de l'environnement durable et du développement économique de l'USAID. « Ils préservent la biodiversité en offrant un habitat aux lémuriens et à d'autres espèces animales vivant dans les forêts, et ils créent les conditions nécessaires aux agriculteurs pour cultiver du cacao de haute qualité, qu'ils peuvent ensuite vendre à des acheteurs internationaux pour un prix plus élevé. »

A travers ce projet, le gouvernement américain veut montrer son engagement à faciliter les relations entre les entreprises américaines et malgaches. Le partenariat ambitionne également de redimensionner le marché en n’oubliant pas les économies locales. Un programme de formation est prévu pour les agriculteurs pour améliorer leur capacité à négocier avec les acheteurs et à améliorer la gestion financière de leurs activités.

Rappel a été fait que depuis 2013, le gouvernement américain a investi près de 60 millions de dollars dans des programmes visant à renforcer la gouvernance des ressources naturelles, à améliorer les moyens de subsistance et à soutenir la conservation de la biodiversité. Pour les Etats-Unis, la transformation de la filière doit passer par des pratiques environnementales améliorées et une approche marché plus dynamique.
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