Madagascar expérimente actuellement une nouvelle forme numérique de monnaie de banque centrale, qui ne peut être émise ou détruite que par cette dernière. L'e-Ariary, selon les éclairages apportés, devrait permettre notamment des paiements plus résilients, efficaces, inclusifs et innovants.
Selon Banky Foiben'i Madagasikara (BFM), avec l'essor des moyens de paiements électroniques, l’avènement des cryptomonnaies, l'émergence de nouveaux acteurs et l'urgence induite par la pandémie du covid-19, le paysage mondial des paiements prend un nouveau tournant. La recrudescence des initiatives privées est, certes, porteuse d’opportunités pour le développement du secteur financier mais elle est, également, parsemée de risques et de subtilités qu’il convient d’évaluer et de gérer avec soin. La considération de l’émission d’un CBDC (Central Bank Digital Currency) vient en réponse aux défis imposés par la nouvelle donne. Et c'est dans ce contexte que la phase d'expérimentation de l'e-Ariary, prévue durer 10 mois, est lancée.
Explication est aussi donnée que le CBDC est une nouvelle forme numérique de monnaie de banque centrale, qui ne peut être émise ou détruite que par cette dernière et qui doit être distinguée des réserves ou des soldes de règlement détenus auprès des banques centrales. Le CBDC est garanti par la banque centrale et présente ainsi un risque de liquidité et de crédit a priori réduit. A l'instar des tendances internationales, le projet e-Ariary s’inscrit dans une perspective visant, notamment, à affirmer la souveraineté de la monnaie nationale, à assurer l’intégrité et la stabilité du système financier, à soutenir les objectifs d’inclusion financière, à maîtriser l’expansion de la circulation fiduciaire et permettre la mise en place d’un système national de paiement moderne, dynamique et sécurisé.
Projet en deux phases
"L’introduction de l’e-Ariary pourrait avoir des implications significatives, notamment sur la stabilité financière et monétaire. De ce fait, BFM est entièrement consciente des arbitrages à faire afin que l’émission de l’e-Ariary n’entrave la capacité de BFM à s’acquitter de son mandat et que l’e-Ariary puisse permettre des paiements plus résilients, efficaces, inclusifs et innovants",
a-t-on aussi expliqué.

Raison pour laquelle le projet sera conduit en deux phases distinctes. La première phase consiste à conduire des travaux d'analyse, de conception et d'expérimentation. La deuxième phase du projet porte sur le déploiement et la mise en production. La réalisation de cette deuxième phase est conditionnée par les résultats de la phase expérimentale.
A savoir en outre que dans la vision de BFM, l’e-Ariary est un instrument important qui permettrait à BFM d’évoluer au rythme de la digitalisation. Ainsi, si l’expérimentation s’avère positive, l’e-Ariary serait déployée et se présenterait sous la forme d’une monnaie digitale mise à la disposition du public, en complément des billets de banque, en tant que moyen de paiement sécurisé, facile d’utilisation, accessible et ayant cours légal sur le territoire national. Par ailleurs, l’e-Ariary présenterait les avantages offerts par les solutions de paiement privées, tout en bénéficiant de la régulation et du contrôle de l’Autorité monétaire.
Une véritable monnaie
À la différence des solutions de mobile banking ou des portefeuilles électroniques proposés par des opérateurs privés, l’e-Ariary est une véritable monnaie, émise et garantie par la Banque Centrale. Elle possède la même valeur que les billets et pièces traditionnels, tout en étant entièrement dématérialisée. Concrètement, elle peut être utilisée sans carte bancaire, sans smartphone haut de gamme, et même sans connexion internet. Accessible via une simple application ou une carte prépayée, elle s’adresse à tous, avec pour ambition de rendre le système financier plus équitable et plus accessible.
"S’insérant dans la vie courante des Malgaches, l’e-ariary pourra être utilisé pour régler les frais de transport, payer les factures de la Jirama, acheter au marché, verser des salaires ou des pensions de retraite. Le Premier adjoint au maire de la capitale a salué un projet « structurant », capable de rapprocher l’administration de la population tout en luttant contre la corruption par la traçabilité des paiements",
a commenté l'agence nationale de presse qui a couvert la conférence de lancement de la phase d'expérimentation de l'e-Ariary.
On sait en outre que les frais de transaction seront significativement réduits, voire inexistants, comparés à ceux pratiqués aujourd’hui par les plateformes mobiles. Le but est clair : alléger la charge financière sur les ménages et les petites entreprises, et favoriser la fluidité des échanges.
"Au-delà de ses usages quotidiens, l’e-Ariary devient un instrument stratégique pour l’État : il permet de mieux contrôler la circulation de la monnaie, de lutter contre l’économie informelle et d’améliorer la collecte des impôts. «Toute monnaie en circulation doit être sous la responsabilité de la Banque Centrale",
a soutenu Aivo Andrianarivelo, le gouverneur de la BCM.