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ENTREPRISES | Entre craintes et espoir...

ENTREPRISES | Entre craintes et espoir...


Si certains chefs d'entreprise craignent une nouvelle crise socio-politique synonyme d'arrêt ou de ralentissement des activités économiques durant des semaines, voire des mois, d'autres y voient une opportunité unique pour une refondation du pays qui ne pourrait être que bénéfique, sur le long terme, pour le secteur privé.


À Madagascar, le mouvement de contestation mené par la Génération Z suscite des réactions contrastées au sein de la communauté des affaires et de l'écosystème entrepreneurial en général. Une partie des chefs d’entreprise redoute les conséquences économiques d’une nouvelle crise , craignant un ralentissement, voire un arrêt des activités sur plusieurs semaines. Certains rappellent aussi le lourd bilan économique des actes de pillage et de vandalisme. "Dans un contexte déjà fragilisé par les incertitudes politiques et les défis structurels, ces craintes traduisent la vulnérabilité du tissu économique national face aux tensions sociales", constate un observateur averti de la vie publique et économique du pays depuis plus de 20 ans.


Mais d’autres entrepreneurs préfèrent y voir une opportunité historique. A leurs yeux, cette mobilisation de la jeunesse devrait amorcer une refondation profonde du pays, indispensable à la construction d’un environnement plus stable, transparent et favorable aux affaires. En exigeant plus de justice, de bonne gouvernance et de perspectives d’avenir, la Génération Z est attendue pour porter les germes d’un changement durable, susceptible de renforcer la confiance et d’attirer de nouveaux investissements. Entre inquiétudes à court terme et espoirs à long terme, le secteur privé malgache se trouve ainsi à un tournant. Beaucoup s’accordent à dire que la transformation du pays pourrait être la clé d’un développement économique plus équilibré et inclusif — à condition que dialogue et réformes accompagnent cette dynamique citoyenne.


A constater que ces derniers jours, plusieurs personnalités du secteur privé ont partagé leur opinion concernant la situation et les perspectives de Madagascar. "A mon avis, il va falloir reconstruire cette confiance intergénérationnelle, perdue depuis plusieurs années déjà et qui empêche une reconstruction pérenne", a affirmé Gil Razafintsalama, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Antananarivo. Hagasata Rakotoson, figure bien connu du secteur privé et de l'écosystème financier du pays, soutient que dans la vie économique comme dans la gestion publique, la mauvaise gestion, la corruption, la prédation ou l’injustice – au-delà du fait qu’elles relèvent d’une mauvaise gouvernance – fragilisent durablement les institutions, les entreprises et la cohésion sociale. Et d'ajouter que les manifestations actuelles à Madagascar traduisent un malaise profond : celui d’un peuple confronté aux inégalités, au manque d’accès au minimum vital, et à l’impression que la justice sociale est confisquée.


"Depuis le début des manifestations, les revendications, simples de la Gen Z sont soutenues et portées par la société civile, le secteur privé, la communauté internationale, et les média. Pourquoi ? Parce qu’elles sont claires et légitimes. Qui peut être contre l’eau, l’électricité, le droit d’étudier et de s’exprimer ? Qui peut être contre le futur ? Ce à quoi nous avons assisté est le contraire d’un coup d’Etat. Ce mot doit disparaître d’une rhétorique de bas niveau. C’est un mouvement intelligent et pacifique, qui, joint par d’autres mouvements, a créé les conditions d’un véritable dialogue, et d’une véritable refondation, qui doivent à rester la priorité de notre belle et grande nation", a soutenu pour sa part Emmanuel Cotsoyannis, patron de Miarakap, maison spécialisée dans l'investissement à impact.