Madagascar vit actuellement au rythme d’un mouvement social inédit, impulsé par la jeunesse. La GEN Z, née à l’ère du numérique et des mutations globales, est aujourd’hui déterminée à reprendre en main le destin d’un pays qu’ils jugent, à raison, trop longtemps délaissé par une gouvernance inefficace et corrompue.
Les manifestations, pacifiques mais résolues, rassemblent dans les rues des jeunes issus de tous les horizons : étudiants, membres de la société civile, artistes et activistes, travailleurs précaires, chômeurs... Leur mot d’ordre : justice sociale, transparence et espoir. Ces jeunes refusent d’accepter la fatalité d’une île pourtant dotée d’immenses richesses naturelles, minières et humaines, mais dont la majorité de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. Pour beaucoup d’observateurs, ce mouvement symbolise un tournant générationnel. Pendant des décennies, les Malgaches ont subi les crises politiques à répétition, les promesses non tenues et la dégradation des services publics. Mais cette fois, la jeunesse ne se contente plus d’attendre le changement : elle l’incarne. Sur les réseaux sociaux comme sur le terrain, les messages de solidarité et d’unité nationale se multiplient, témoignant d’une profonde soif de renouveau.
Au-delà de la contestation, la GEN Z malgache aspire à un modèle de société plus équitable, plus écologique et plus inclusif. Leurs revendications vont au-delà du rejet d’un système : elles portent la vision d’un pays où le mérite et la compétence remplaceraient le clientélisme et la corruption. Beaucoup d’entre eux ont grandi connectés au monde, nourris d’exemples de sociétés où l’innovation et la démocratie vont de pair. Cette ouverture forge chez eux une conviction : Madagascar a tout pour réussir, à condition de rompre avec les pratiques du passé.
La mobilisation actuelle rappelle aussi le poids démographique de cette génération : plus de la moitié de la population malgache a moins de 25 ans. Cette réalité démographique fait de la jeunesse non seulement la principale force vive du pays, mais aussi son moteur politique et social. Leur énergie et leur détermination traduisent un désir collectif de renaissance nationale, dans un contexte où la confiance envers les institutions est au plus bas. Et ce samedi 11 octobre 2025 a été un moment historique pour le pays. Les dizaines de milliers de manifestants, appuyés par des militaires qui ont appelé les forces de sécurité à déposer les armes et à protéger les civils, ont investi l'emblématique place du 13 mai.
Si par prudence, le mouvement a choisi de ne pas se doter d’une structure claire et de leaders reconnus, son impact sur la conscience nationale est déjà fortement perceptible. En quelques jours, la GEN Z et les étudiants des universités ont réussi ce que peu de mouvements avaient accompli auparavant : redonner espoir à un peuple désabusé. Madagascar se trouve ainsi à un moment charnière de son histoire. Face à une jeunesse plus éduquée, plus informée et plus connectée que jamais, l'écosystème politique n’a d’autre choix que d’écouter, de dialoguer et de changer. Car au-delà de la colère, c’est un message d’amour et de responsabilité envers la patrie que ces jeunes adressent : celui d’un peuple qui refuse d’abandonner son avenir. Mais cette jeunesse doit aussi rester très vigilante. Car bien qu'à l'agonie, le régime Rajoelina cherche encore tous les moyens pour briser le mouvement et nombre de politiciens véreux de tous bords restent tapis dans l'ombre.
