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CONJONCTURE | L'armée aux commandes du pays

Madagascar vit un bouleversement politique sans précédent. En l’espace de quelques jours, le pays a basculé d’un mouvement citoyen pacifique à un changement de régime total, marqué par la fuite du président Andry Rajoelina et la prise de contrôle des institutions par l’armée.


Madagascar vit un bouleversement politique sans précédent. En l’espace de quelques jours, le pays a basculé d’un mouvement citoyen pacifique à un changement de régime total, marqué par la fuite du président Andry Rajoelina et la prise de contrôle des institutions par l’armée. 


Le samedi 11 octobre, l’unité militaire CAPSAT (Corps d’Administration et des Services Techniques des Armées) a refusé d’obéir aux ordres de répression contre des jeunes qui manifestent depuis le 25 septembre. Les soldats ont choisi de rejoindre les rangs des protestataires, escortant la foule jusqu’à la place du 13-Mai, haut lieu de la résistance citoyenne malgache. Dès le lendemain, le 12 octobre, la place du 13-Mai est devenue le centre névralgique de la contestation. Des milliers de citoyens s’y rassemblent chaque jour : jeunes de la Génération Z, syndicats, universitaires, figures de la société civile… Tous unis derrière les mêmes revendications : le départ du président, la refonte complète du système politique, la fin des coupures d’eau et d’électricité, et surtout, un véritable changement structurel pour le pays. L’atmosphère est celle d’une révolution citoyenne, portée par une jeunesse déterminée à écrire un nouveau chapitre de l’histoire nationale.


Sous la pression croissante de la rue et la perte de soutien de l’armée, le président Andry Rajoelina a quitté le territoire en catimini, à bord d’un avion militaire français. Cette fuite illustre la débâcle d’un pouvoir à bout de souffle qui s'est surtout illustré ces dernières années par une séries de scandales politico-financiers. Le mardi 14 octobre 2025 restera comme une date charnière dans l’histoire politique de Madagascar. Ce jour-là, l’Assemblée nationale a voté à une quasi-unanimité la destitution du président. Dans la foulée, le CAPSAT a annoncé qu’il prenait le contrôle des principales institutions de l’État. Plusieurs organes — dont la Haute Cour Constitutionnelle, la CENI, le Sénat, la Haute Cour de Justice et le Haut Conseil de Défense des Droits de l’Homme — ont été suspendus. Seule l’Assemblée nationale demeure en fonction.


L’armée, par la voix du colonel Michaël Randrianirina, a présenté devant le perron du palais d’Ambohitsorohitra un plan de transition de deux ans maximum. Objectif : rétablir l’ordre, refonder les institutions et organiser un référendum constitutionnel pour redéfinir les bases du pays. Ce même colonel, devenu figure populaire, est celui qui, trois jours plus tôt, avait soutenu publiquement les civils et accompagné les jeunes manifestants jusqu’à la place du 13-Mai. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre pour Madagascar. Entre espoir de renouveau démocratique et incertitudes d’une transition militaire, le pays retient son souffle, conscient que le mouvement enclenché par les jeunes le 25 septembre pourrait redessiner durablement son avenir.