Dans le cadre de la programmation internationale Novembre Numérique, l’Institut Français de Madagascar a offert au public une expérience artistique singulière, où la technologie rencontre l’héritage culturel. La création baptisée "Soa Meva", présentée sur la scène de l’IFM, constitue l’un des temps forts de cet événement consacré aux cultures numériques. Née d’un dialogue musical entre Madagascar et La Réunion, cette œuvre collaborative met en lumière la force des échanges artistiques dans l’océan Indien.
Fruit de plusieurs résidences croisées entre les deux îles, Soa Meva réunit deux artistes dont les univers, bien que distincts, se complètent avec une étonnante harmonie. Fara Gasy, chanteuse et percussionniste malgache, ancre son expression dans les traditions orales et dans la profondeur des rythmes ancestraux. Face à elle, Eat My Butterfly, multi-instrumentiste réunionnaise, explore des territoires sonores plus contemporains, façonnés par des textures électroniques et des atmosphères organiques. Ensemble, elles tissent une fresque sonore où se croisent mémoire et modernité, comme une passerelle entre les racines et l’innovation.
Sur scène, Soa Meva se présente comme un véritable voyage sensoriel. Les sonorités du valiha, les pulsations des tambours et les chants traditionnels se mêlent aux boucles numériques, créant une palette sonore inédite. Les artistes font dialoguer instruments traditionnels et outils technologiques pour composer un espace immersif et mouvant. Cette fusion témoigne de la vitalité des cultures de l’océan Indien, capables de se réinventer sans renier leurs héritages. Elle illustre aussi l’importance des rencontres artistiques qui, à travers les résidences et les échanges, nourrissent des œuvres hybrides et profondément contemporaines.
Mais Soa Meva est bien plus qu’une performance musicale. Le projet porte également une dimension symbolique forte. Dans un univers culturel souvent dominé par les voix masculines, la collaboration entre Fara Gasy et Eat My Butterfly affirme la place des femmes dans la création contemporaine régionale. Leur présence sur scène, leur maîtrise des instruments et leur liberté artistique en font des figures emblématiques d’une nouvelle génération d’artistes féminines qui revendiquent leur rôle central dans l’évolution des arts.
En mettant en lumière Soa Meva, Novembre Numérique confirme son ambition : valoriser des œuvres qui allient innovation technologique, création artistique et réflexion sur les échanges culturels. L’initiative de l’Institut Français de Madagascar contribue à renforcer les liens entre les artistes, encourage les expérimentations et donne naissance à des projets transversaux. Elle ouvre également de nouveaux horizons pour la scène artistique francophone, où les frontières entre disciplines s’effacent au profit de collaborations inédites.
"Avec Soa Meva, Madagascar et La Réunion montrent que la mer qui les sépare peut devenir un trait d’union. Grâce à la musique, elle se transforme en espace de dialogue, d’écoute et de création partagée. La performance rappelle ainsi que, dans l’océan Indien, les identités se rencontrent, se répondent et s’inventent ensemble. Soa Meva, porté par l’énergie de ses deux créatrices, s’impose comme une œuvre vibrante, contemporaine et profondément ancrée dans son territoire", a commenté Hanta Rasoa, une médiatrice culturelle qui a assisté à la représentation.



