« La croissance reste structurellement limitée par un déficit du capital humain et des infrastructures, la forte prévalence de l’informalité et de l'agriculture d'autosubsistance, ainsi que par la faiblesse de la gouvernance et des institutions. Madagascar est également l'un des pays africains les plus sévèrement touchés par les impacts du changement climatique », selon la Banque mondiale.
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Toujours selon cette institution de Bretton Woods, en l'absence de réformes audacieuses, Madagascar pourrait ainsi mettre une décennie à inverser la perte de revenus moyens survenue pendant la
crise du COVID de 2020-22 et plus de 70 ans pour atteindre le niveau de vie actuel du Rwanda, qui est le pair le plus proche de Madagascar en termes d'aspiration.
La Banque mondiale qui rappelle dans la foulée que le capital humain de Madagascar est l'un des plus faibles au monde. Le pays a le quatrième taux de malnutrition chronique le plus élevé au monde ; 97% des enfants malgaches âgés de 10 ans sont incapables de lire et de comprendre un texte court et adapté à leur âge. Madagascar dispose d'un système de protection sociale naissant, qui ne couvre que 6 % des personnes extrêmement pauvres. Les dépenses liées aux filets de sécurité sont très faibles : 0,3% du PIB, contre une moyenne de 1,2% du PIB en Afrique sub-saharienne.
La Banque se base aussi sur les résultats de l’enquête du
Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies qui notent que 8,8 millions de personnes à Madagascar (environ 33 % de la population) sont en situation d'insécurité alimentaire, soit un million de plus qu'il y a trois mois. La situation continuerait à se détériorer, en particulier dans le sud de Madagascar, entre décembre 2022 et mars 2023, avec plus de deux millions de personnes qui connaîtront probablement des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë, et 284 600 personnes dans une situation d’urgence.
Cela représente une augmentation de près de 23% par rapport à la situation du dernier trimestre de 2022, et une augmentation de près de 81% par rapport à la période avril-août 2021. Selon les résultats préliminaires de l'enquête IPC Nutrition, près d'un demi-million (479 000) de personnes pourraient être touchées par la malnutrition aiguë globale (sévère et modérée) à Madagascar entre septembre 2022 et mars 2023, soit une augmentation de 55% par rapport à la période se terminant en août 2022.
Enfin, côté prévisions, la Banque mondiale estime que la croissance de l’
économie malgache devrait se situer à 4,2 % en 2023 et 4,6 % en 2024, les contraintes structurelles et le ralentissement de la demande extérieure empêchant un rebond plus rapide. La reprise attendue de l'activité économique se traduira par une baisse progressive des taux de pauvreté, qui passeront d'un sommet historique de 81,9 % en 2020 à 81,2 % en 2023 et 80,7 % en 2024, restant ainsi supérieurs aux niveaux d'avant la crise.